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Génocide des Héréros : quelques dates

Chronologie établie par Tristan Mendès-France, issue du dossier coordonné par l'auteur en 2001 (lien ci-dessous). Le génocide des Héréros avait fait l'objet d'une séance de séminaire organisé par Aircrige ("Les formes du déni", ENS -Paris IV-Sorbonne, séance du 6 janvier 2001), et à laquelle Tristan Mendès-France avait participé.


 
1870 
La présence allemande en Afrique est attestée dès 1870.
Avant même le Togo ou la Tanzanie qui figurent parmi les toutes premières colonies datant de 1884, la Namibie a vu dès 1870 l’arrivée d'une poignée de colons allemands qui très vite formeront une solide communauté.
 
 
Janvier 1894 
Découverte de fantastiques gisements de diamants en Namibie. L’Allemagne d’Otto Von Bismarck réalise l’extraordinaire potentiel financier du pays. Le Major Théodor Leutwein est envoyé en Namibie en tant que suprême représentant des Terres Africaines allemandes.
Même année, une politique de déplacement et de confiscations systématiques des terres est initiée dans le Héréroland (Région centrale namibienne où vivent les Héréros). Violences et exécutions sommaires sont constatées.
 
 
Janvier 1904 
Tentative de rebellion du peuple héréro menée par le Chief Samuel Mahéréro. On compte plusieurs dizaines de morts de part et d’autres. La rébellion arrive aux oreilles du Kaizer Guillaume II. Il limoge le Major Leutwein, considéré comme “trop faible” pour lui substituer un homme dur, expérimenté et “extrêmement résolu” : le général Lothar Von Trotha.
 
 
2 octobre 1904 
Ordre d’extermination lancée par le général Von Throta. Avec 10 mille hommes, il force les héréros dans le désert d’Omaheke (l’actuel désert de Khalarari), ferme les frontières et envoie ses troupes sur une population sans défense et déjà accablée par la soif ou les maladies infectieuses. Pour ceux qui survécurent, esclavage et camps de concentration. Des milliers de femmes Héréros furent transformées en femme de réconfort pour les troupes coloniales allemandes.
Sur 80 000 Héréros que comptaient la Namibie, 10 000 survécurent tant bien que mal.
La civilisation Héréro venait quasiment de disparaître.

 
Mars 1998
Le président allemand Herzog part en visite officielle en Namibie. Il est interpellé par des représentants Héréros demandant à ce que l’Allemagne reconnaisse le génocide dont ils ont été victimes. Malaise diplomatique. Le président Herzog exprime son sentiment de culpabilité sans accepter de responsabilités.
 
 
Été 1999 
Le désert de Khalarari révèle d’impressionnants champs de squelettes. Les Héréros demandent à ce que soit constatée la présence d’un grand cimetière des massacrés de 1904. Refus du gouvernement namibien qui ne veut pas compromettre ses relations commerciales avec l’ancien colon allemand. Les médias sud-africains s'en mêlent ; un reportage en Prime Time sur E-TV fait grand bruit. Les vents désertiques risquent de recouvrir très bientôt le charnier héréro.
 
 
Janvier 2000 
Les représentants de la tribu héréro saisissent le grand avocat internationaliste anglais, Lord Anthony Gifford QC, qui interpelle officiellement le gouvernement allemand. Gouvernement qui se contente de condamner les agissements passés sans accepter d’excuses. Dans un même temps, l’avocat tente une saisine du tribunal pénal internationale de Lahaye. À ce jour sans suite.
 
 
Début Octobre 2000 
Première rencontre officielle entre les Héréros et le Commissariat aux Droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Le génocide est sur le chemin de la reconnaissance historique. Organisation de conférences de presse et de meeting avec des personnalités politiques allemandes grâce à la très prestigieuse Society for Threatened Peoples.
 

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Mémoire et reconnaissance

Cela fait plus de deux ans maintenant qu'une tribu namibienne, les Héréros, tente de faire reconnaître la réalité historique des atrocités dont elle a été victime il y a 96 ans. Oubliée de la scène internationale, la tribu a pourtant été victime du premier génocide du siècle, une dizaine d’année avant celui d’Arménie.

En 1904, 80% d’un peuple - soit près de 100 000 individus - furent rayés de la carte coloniale allemande. Hommes, femmes et enfants furent systématiquement exterminés.

L’ombre du génocide oublié est aujourd’hui aux portes des Nations Unies (une rencontre officielle fut organisée à Genève début octobre 2000). Soutenue par de plus en plus d’intellectuels internationaux et d’associations humanitaires, la revendication historique des Héréros interpelle actuellement les autorités allemandes. Une série de conférences de presse, de rencontres avec des personnalités politiques allemandes est également prévue début octobre. Les discussions diplomatiques qui vont dès lors s’engager risquent d’être cruciales. C'est dans tous les cas la première fois que le cas héréro est entendu aussi distinctement.

L’Allemagne va-t-elle s’excuser ? Nul ne le sait, reste que le processus est enclenché et que rien ne semble pouvoir l'arrêter. L’occasion inédite de revenir sur un événement historique fondateur. Ce génocide, outre qu’il est le premier du siècle, fût, et c'est un fait historique peu connu, le terrain d’expérimentation scientifique de ce que sera la pratique nazie quelques années plus tard.

Au début de l’année 2000 des champs impressionnants de squelettes ont été révélés par les vents dans le désert namibien près de Luderitz. Le cimetière sauvage est celui des Héréros exterminés un siècle plus tôt. L’encombrant charnier à ciel ouvert rappelle avec force à l'Allemagne et à la communauté internationale que les événements passés refont toujours surface quand on les néglige …

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Actualité judiciaire

Deux plaintes ont été récemment déposées aux États-Unis par les représentants héréros en vue d’obtenir réparation. Les États-Unis ont été choisis parce qu’il y a sur son sol des descendant de suppliciés héréros et surtout parce que ses juridictions se considèrent comme compétentes pour ce type de litige.

La première action judiciaire a été portée fin janvier 2001, devant le Tribunal de Washington contre trois entreprises allemandes suspectées d’avoir profité du génocide héréro. L’une des plaintes concerne la Deutsche Bank. Les sommes demandées en réparation s’élèveraient alors à prés de 2, 2 milliards de dollars.

La Cour Fédérale de Washington a été saisie, quant à elle dans un second temps fin septembre 2001, contre le gouvernement allemand. La demande de réparation s’élèverait également à près de 2,2 milliards de dollars.

 

 

• Source : http://www.lautresite.com/new/edition/explo/hereros/

< Programme du séminaire organisé par Aircrige "Les Formes du déni : approches évenementielles et transversales" >