1870
La présence allemande en Afrique est attestée dès 1870.
Avant même le Togo ou la Tanzanie qui figurent parmi les toutes
premières colonies datant de 1884, la Namibie a vu dès 1870
l’arrivée d'une poignée de colons allemands qui très vite formeront
une solide communauté.
Janvier 1894
Découverte de fantastiques gisements de diamants en Namibie.
L’Allemagne d’Otto Von Bismarck réalise l’extraordinaire potentiel
financier du pays. Le Major Théodor Leutwein est envoyé en
Namibie en tant que suprême représentant des Terres Africaines
allemandes.
Même année, une politique de déplacement et de confiscations
systématiques des terres est initiée dans le Héréroland (Région
centrale namibienne où vivent les Héréros). Violences et exécutions
sommaires sont constatées.
Janvier 1904
Tentative de rebellion du peuple héréro menée par le Chief
Samuel Mahéréro. On compte plusieurs dizaines de morts de part
et d’autres. La rébellion arrive aux oreilles du Kaizer Guillaume
II. Il limoge le Major Leutwein, considéré comme “trop faible”
pour lui substituer un homme dur, expérimenté et “extrêmement
résolu” : le général Lothar Von Trotha.
2 octobre 1904
Ordre d’extermination lancée par le général Von Throta. Avec
10 mille hommes, il force les héréros dans le désert d’Omaheke
(l’actuel désert de Khalarari), ferme les frontières et envoie
ses troupes sur une population sans défense et déjà accablée
par la soif ou les maladies infectieuses. Pour ceux qui survécurent,
esclavage et camps de concentration. Des milliers de femmes
Héréros furent transformées en femme de réconfort pour les
troupes coloniales allemandes.
Sur 80 000 Héréros que comptaient la Namibie, 10 000 survécurent
tant bien que mal.
La civilisation Héréro venait quasiment de disparaître.
Mars 1998
Le président allemand Herzog part en visite officielle en Namibie.
Il est interpellé par des représentants Héréros demandant à
ce que l’Allemagne reconnaisse le génocide dont ils ont été
victimes. Malaise diplomatique. Le président Herzog exprime
son sentiment de culpabilité sans accepter de responsabilités.
Été 1999
Le désert de Khalarari révèle d’impressionnants champs de squelettes.
Les Héréros demandent à ce que soit constatée la présence d’un
grand cimetière des massacrés de 1904. Refus du gouvernement
namibien qui ne veut pas compromettre ses relations commerciales
avec l’ancien colon allemand. Les médias sud-africains s'en
mêlent ; un reportage en Prime Time sur E-TV fait grand bruit.
Les vents désertiques risquent de recouvrir très bientôt le
charnier héréro.
Janvier 2000
Les représentants de la tribu héréro saisissent le grand avocat
internationaliste anglais, Lord Anthony Gifford QC, qui interpelle
officiellement le gouvernement allemand. Gouvernement qui se
contente de condamner les agissements passés sans accepter
d’excuses. Dans un même temps, l’avocat tente une saisine du
tribunal pénal internationale de Lahaye. À ce jour sans suite.
Début Octobre 2000
Première rencontre officielle entre les Héréros et le Commissariat
aux Droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Le génocide
est sur le chemin de la reconnaissance historique. Organisation
de conférences de presse et de meeting avec des personnalités
politiques allemandes grâce à la très prestigieuse Society
for Threatened Peoples.
* *
*
Mémoire et reconnaissance
Cela fait plus de deux ans maintenant qu'une tribu namibienne,
les Héréros, tente de faire reconnaître la réalité historique
des atrocités dont elle a été victime il y a 96 ans. Oubliée
de la scène internationale, la tribu a pourtant été victime
du premier génocide du siècle, une dizaine d’année avant celui
d’Arménie.
En 1904, 80% d’un peuple - soit près de 100 000 individus -
furent rayés de la carte coloniale allemande. Hommes, femmes
et enfants furent systématiquement exterminés.
L’ombre du génocide oublié est aujourd’hui aux portes des Nations
Unies (une rencontre officielle fut organisée à Genève début
octobre 2000). Soutenue par de plus en plus d’intellectuels internationaux
et d’associations humanitaires, la revendication historique des
Héréros interpelle actuellement les autorités allemandes. Une
série de conférences de presse, de rencontres avec des personnalités
politiques allemandes est également prévue début octobre. Les
discussions diplomatiques qui vont dès lors s’engager risquent
d’être cruciales. C'est dans tous les cas la première fois que
le cas héréro est entendu aussi distinctement.
L’Allemagne va-t-elle s’excuser ? Nul ne le sait, reste que
le processus est enclenché et que rien ne semble pouvoir l'arrêter.
L’occasion inédite de revenir sur un événement historique fondateur.
Ce génocide, outre qu’il est le premier du siècle, fût, et c'est
un fait historique peu connu, le terrain d’expérimentation scientifique
de ce que sera la pratique nazie quelques années plus tard.
Au début de l’année 2000 des champs impressionnants de squelettes
ont été révélés par les vents dans le désert namibien près de
Luderitz. Le cimetière sauvage est celui des Héréros exterminés
un siècle plus tôt. L’encombrant charnier à ciel ouvert rappelle
avec force à l'Allemagne et à la communauté internationale que
les événements passés refont toujours surface quand on les néglige
…
* *
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Actualité judiciaire
Deux plaintes ont été récemment déposées aux États-Unis par
les représentants héréros en vue d’obtenir réparation. Les
États-Unis ont été choisis parce qu’il y a sur son sol des
descendant de suppliciés héréros et surtout parce que ses juridictions
se considèrent comme compétentes pour ce type de litige.
La première action judiciaire a été portée fin janvier 2001,
devant le Tribunal de Washington contre trois entreprises allemandes
suspectées d’avoir profité du génocide héréro. L’une des plaintes
concerne la Deutsche Bank. Les sommes demandées en réparation
s’élèveraient alors à prés de 2, 2 milliards de dollars.
La Cour Fédérale de Washington a été saisie, quant à elle dans
un second temps fin septembre 2001, contre le gouvernement
allemand. La demande de réparation s’élèverait également à
près de 2,2 milliards de dollars.
• Source : http://www.lautresite.com/new/edition/explo/hereros/
< Programme du séminaire organisé par Aircrige "Les Formes du
déni : approches évenementielles et transversales" >