[ Accueil du site]

 

Guerres civiles et politiques d'extermination au Soudan 2
1983-2005

Chronologie élaborée pour la journée d'information "Le Darfour et les crimes d'état au Soudan", organisée par AIRCRIGE en partenariat avec Vigilance-Soudan, le Collectif Urgence Darfour et le Comité Soudan, le 14 octobre 2005.

 

< Programme et argumentaire de la journée d'information >

 

L'histoire du Soudan plonge ses racines dans un passé vieux de 5000 ans. Une partie du Nord s'appelait Koush et devint colonie égyptienne : les pharaons de la 25ème dynastie égyptienne sont des Koushites, des Soudanais (Vlllème siècle av.J.C). Puis royaume indépendant de Méroé qui tombe en 350 ap.JC. La région s'appelle désormais Nubie. Dès 545, elle est partagée entre trois royaumes chrétiens En 652, un traité de paix avec l'Egypte oblige la Nubie à fournir des esclaves. Le dernier royaume chrétien tombe en 1505. Islamisation : à l'Est un Sultanat Funj (1505-1821), à l'ouest, un Sultanat Four (XVll ème-XlXème siècle).

 

1983

Le Président de la République Nimeiri ayant annulé l’autonomie du Sud qui faisait partie de l’accord de paix d’Adis Abbeba entre l’État soudanais et la première rébellion du Sud, une seconde rébellion surgit, le Mouvement/Armée de Libération du Soudan  (M/ALPS) dont le chef John Garang demande un Soudan uni, démocratique et laïc.

Avril 1985

Chute de Nimeiri, élections, institution d’un régime démocratique.

Novembre 1988 avril 1989

 

Négociations de paix fondées sur la suppression de la charia, entérinée par le Parlement. Les islamistes, battus aux élections, s’y opposent en vain.

30 juin 1989

Coup d’État d’une junte militaire islamique, pour empêcher la mise en application de cet accord de paix, qui devait avoir lieu le 4 juillet et en septembre. Le nouveau Président El Béchir, un officier, emprisonne le chantre de l’islamisme El Tourabi pendant deux mois pour donner le change.
Le nouveau régime supprime toutes les libertés, toutes les organisations de société civile et politique et règne par la terreur. Le parti au pouvoir, parti unique, est le Congrès national. Les autres partis politiques et syndicats s’organisent à l’étranger en une « Alliance Nationale Démocratique », à laquelle se joindra le MLPS. Le régime continue la guerre au Sud, où sera proclamé le djihad.
Il pratique le terrorisme, abritant Usama ben Laden pendant six ans, prêtant la main à une tentative d’assassinat du Président égyptien Moubarak en 1995 et déstabilisant la région.

1991 et suivantes

Génocide dans les Monts Nouba au centre du pays où est déclaré le djihad

1992

La rébellion se divise selon des lignes tribales. Les sécessionnistes se joindront aux forces gouvernementales.

1992/93

Pourparlers de paix Abuja l et 2, qui échouent.

1994

A l’initiative de l’Érythrée, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda regroupés au sein de l’IGAD (Intergovernmental Authority for Development), des négociations de paix reprennent entre Khartoum et le MLPS.

1996

Une résolution du Conseil de Sécurité accuse le Soudan de soutenir le terrorisme international.

1997

L’opposition ouvre un nouveau front dans l’Est du pays (Nord).

1998

Massacres génocidaires dans le Bahr el Ghazal (Sud) où, en pleine famine, le gouvernement interdit toute aide humanitaire.

20 août 1998

Attaque aérienne américaine de Al-Shifa Pharmaceutical Company en rétorsion contre les attaques terroristes des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, auxquelles Khartoum avait prêté la main. Le Président Clinton a prétendu que l’usine produisait des éléments pour des gaz de combat. Cette information de la CIA n’a pas été prouvée.

A partir de 1999 et semble-t-il jusqu’à la signature de la paix au Sud en 2005

 

Le gouvernement lance ses bombardiers, ses hélicoptères et ses milices contre les populations des zones pétrolières sises au Nord du Sud-Soudan, à l’est et à l’ouest du Nil, à mesure de l’avancement des travaux pétroliers et de la construction des routes afférentes. Les villages sont brûlés, les villageois massacrés, les femmes violées, les maigres biens pillés, les populations en fuite poursuivies sur des kilomètres par des hélicoptères qui les mitraillent. Il s’agit d’un nettoyage ethnique de grande ampleur, qui continuera après les accords de cessez-le-feu d’octobre 2002. Les choses semblent s’être quelque peu calmées depuis la signature de la paix.

Décembre 1999

Béchir établit l’état d’urgence pour un an, ce qui porte davantage atteinte encore aux droits de  l’Homme.

Décembre 1999
Mai 2000

 

El Béchir écarte du pouvoir  El Tourabi. Il l’accuse des actes de terrorisme soudanais. L’argent du pétrole arrivant, le régime est beaucoup moins islamiste et beaucoup plus financier.

Décembre 2000

Béchir renouvelle l’état d’urgence.

2001

Le nettoyage ethnique continue en zone pétrolière.

Février 2001

Tourabi est mis en prison pour avoir signé un mémorandum d’entente avec le MLPS. Jusqu’en juillet 2005, où il sera semble-t-il définitivement libéré, il passera son temps à entrer et sortir de prison.

Décembre 2001

Béchir renouvelle l’état d’urgence.

19 janvier 2002

Sous l’égide des États-unis, accord de cessez-le feu dans les Monts Nouba.

2002

L’appui des États-unis mais aussi du Royaume-Uni, de la Norvège et de l’Italie relance les pourparlers de paix entamés entre le Mouvement / Armée de Libération du Peuple Soudanais(M/ALPS) et le gouvernement   sous les auspices de l’IGAD.
Le nettoyage ethnique continue en zone pétrolière.

20 Juillet 2002

Signature du protocole de Machakos (Kenya). Ce protocole établit le droit à l’autodétermination par référendum du peuple du Sud Soudan à l’issue d’une période de transition de six ans et demi. L’autodétermination peut aller jusqu’à l’indépendance. Pendant la période de transition, et indéfiniment si le référendum vote pour l’unité, le Sud-Soudan est autonome. Les signataires s’engagent à faire tout leur possible pour que le choix soit celui de l’unité, ce qui paraît difficile dans la mesure où l’immense majorité des Sudistes veut l’indépendance, trop de promesses n’ayant pas été tenues par le Nord. L’accord prévoit également la totale liberté de culte dans tout le Soudan,  la non application de la Charia au Sud et éventuellement dans d’autres régions.
Les protocoles seront appliqués après l’accord global de paix.Les parties conviennent de poursuivre les négociations.  

3 septembre 2002

Béchir suspend les pourparlers de paix car l’ALPS a pris la ville de Torit au Sud Soudan en représailles de la prise de Gogrial et autres lieux par l’armée soudanaise. Béchir ordonne une mobilisation générale pour reprendre Torit.

17 octobre 2002

Après la reprise de Torit en Equatoria par les forces gouvernementales, le gouvernement soudanais et l’ALPS signent un accord de cessez-le-feu pour la durée des négociations qui reprennent.

Novembre 2002

 Les tribus africaines du Darfour, Four, Masalit et Zaghawa commencent à s’armer pour lutter contre le nettoyage ethnique accompli par certaines tribus arabes du Darfour, soutenues semble-t-il par le gouvernement.

Décembre 2002

Béchir renouvelle l’état d’urgence.

2003

Les massacres continuent en zone pétrolière du Sud. On parle de « quasi génocide ».

Février 2003

Le Mouvement/Armée de Libération du Soudan (M/ALS) émerge comme nouveau groupe rebelle au Darfour, bientôt rejoint par le petit Mouvement pour la Justice et l’Égalité (JEM), islamiste. Ces mouvements sont formés d’Africains, surtout Four, Zaghawa et Masalit. Ils en ont assez d’être attaqués par les tribus arabes, de ne partager ni le pouvoir ni les richesses du pays et  voient que seule la lutte armée fait obtenir aux sudistes d’importantes concessions. Le gouvernement arme contre eux des tribus arabes du Darfour, qu’il paie. Toutes ne voudront pas s’y joindre. Ces Arabes, bientôt surnommés « Janjawid » (diables à cheval), soutenus par des hélicoptères de l’armée, et l’armée, s’attaquent aux populations civiles, brûlent les villages, assassinent, castrent, violent, pillent, empoisonnent les puits.  400 villages sont brûlés en un an

19-23 février 2003 

22ème sommet France-Afrique, au terme duquel le Président soudanais essaiede renforcer la coopération avec la France dans le domaine économique. De nombreux « contre sommets » sont organisés notamment à l’initiative de la FIDH, d’Agir ici et de Survie pour manifester contre la présence de tortionnaires dans la capitale.

Mars 2003

La société pétrolière canadienne Talisman, qui travaille au Sud-Soudan, poussée par la baisse de ses actions due au désinvestissement d’actionnaires indignés des informations données par les Églises et des organisations de droits de l’homme sur sa compromission dans les crimes de masse commis, vend sa participation à une société indienne.

Septembre 2003

Les pourparlers de paix du Sud ont désormais lieu à Naivasha, Kenya,  sous la direction du premier vice-président du Soudan Ali Osman Taha et de J. Garang, chef du M/ALPS. Immédiatement un accord est signé sur la sécurité pendant la période de transition. Les forces en présence sont l’armée gouvernementale, qui doit se retirer des régions qu’elle contrôle au Sud, l’ALPS, qui doit se retirer de la région qu’elle contrôle à l’Est, et des unités jointes armée gouvernementale /ALPS,  qui seront formées et basées au Sud et à Khartoum, embryon de l’armée soudanaise, après un éventuel référendum en faveur de l’unité. Les milices progouvernementales doivent choisir leur camp. Elles ne le feront pas et sont encore une source de problèmes pour le gouvernement du Sud-Soudan.

10 octobre 2003

Déclaration du Président du Conseil de sécurité assurant les     parties qu’il est disposé à les aider à appliquer l’accord de paix globale. Il prie le secrétaire général de commencer en consultation avec les parties, l’IGAD et les observateurs internationaux, des travaux préparatoires en vue de déterminer les meilleurs moyens d’aider à l’application de l’accord de paix.

Décembre 2003

Béchir renouvelle l’état d’urgence

2004

Massacres génocidaires en zone pétrolière du Sud et au Darfour.

7 janvier 2004

Le gouvernement soudanais et le MLPS signent un accord sur le partage des ressources du Sud Soudan, notamment pétrolières, sur la base de 50% à chacune des parties. Une commission pétrolière bipartite sera é tablie pour diriger le secteur pétrolier. Les anciens contrats seront respectés. Fin 2005 la production devrait atteindre 500 000 barils/jour.

29 janvier 2004

Les combats continuent au Darfour. Bombardement de Tiné, localité située sur la frontière soudano-tchadienne, par l’aviation soudanaise. Les bombardements touchent la partie tchadienne de la ville et quelques 18 000 personnes fuient dans le désert.

Mars 2004

Grands massacres de Shillouk au Sud Soudan par des milices pro gouvernementales.

 

31 mars 2004

Résolution du Parlement européen demandant au Gouvernement du Soudan de cesser « l’obstruction systématique »à l’accès du personnel et de l’aide humanitaire au Darfour. Elle souligne les preuves écrasantes rassemblées par le coordinateur humanitaire des NU et les ONG quant à la complicité du Gouvernement soudanais dans les atrocités commises par les Janjawid contre des civils au Darfour.
Arrestation d’Hassan el Tourabi. Le Président de la République, Béchir, l’accuse de tentative de coup d’Etat. Un certain nombre d’opposants politiques sont également écroués.

Avril 2004

Pourparlers entre le gouvernement et les rebelles du Darfour. Khartoum         promet le contrôle puis le désarmement des milices janjawid, la citation de leurs chefs en justice, des enquêtes indépendantes sur les violations des droits de l’homme au Darfour, la suppression de tout obstacle à l’arrivée de l’aide humanitaire ; les deux parties acquiescent à un cessez-le-feu. Rien ne sera tenu. A plusieurs reprises des accords de cessez-le-feu seront signés – guère mieux respectés.

26 mai 2004  

Le gouvernement soudanais et l’ALPS signent trois protocoles d'accords. Le partage du pouvoir pendant les trois premières années de la période transitoire  se fait entre le parti au pouvoir à Khartoum, le Congrès National, et le MLPS qui ont la part du lion, les mouvements d’opposition se partageant des miettes. Après trois années et demi, des élections libres auront lieu.  Le contrôle de deux régions disputées      au centre du pays, les monts Nouba et le Nil bleu Sud, sera partagé entre le parti au pouvoir et le MLPS, mais n’auront aucun droit à l’autodétermination ; la troisième région Abyei devra, à la fin de la période intérimaire, choisir entre l’appartenance au Nord ou au Sud. Le troisième protocole prévoit une application seulement partielle de la charia à Khartoum, la capitale fédérale.

28 mai 2004

Établissement, avec financement européen, de la Force AMIS de l’Union Africaine, qui a une mission d’observation du cessez-le-feu au Darfour. Le Soudan s’opposera toujours à ce que cette mission soit transformée en mission de protection des civils et d’interposition.

18 juin 2004

L’alliance Nationale Démocratique (voir 30 juin 1989) signe un accord avec le gouvernement qui ne résout pas tous les projets en suspens.

2 juillet 2004

Visite du Secrétaire d’Etat Colin Powell à Khartoum et dans les camps de déplacés du Darfour.

18 juillet 2004

Amnesty International publie un rapport sur le Darfour intitulé « Le viol arme de guerre ».

20 juillet 2004

Human Rights Watch publie un rapport reproduisant des documents officiels soudanais avec en-tête, timbre et signature, établissant l’indubitable responsabilité gouvernementale dans les actes des Janjawid.

30 juillet 2004

Résolution du Conseil de Sécurité  1556, le Soudan doit contrôler les milices janjawid, supprimer les entraves multiples à l’aide humanitaire, coopérer avec le Commissaire aux droits de l’homme des NU. Le Conseil approuve le déploiement d’observateurs de l’Union Africaine, et ses initiatives pour le processus de paix. Le Soudan est menacé de mesures pour non application dans le mois. Un représentant des NU est nommé pour suivre l’affaire, qui aidera le Soudan à repousser les échéances.

4 août 2004

Des milliers de Soudanais, peut-être suscités par le régime, défilent dans les rues de Khartoum en réaction à l’ultimatum du 30 juillet posé par l’ONU.

Mi-août 2004

Le Congrès Béja (ethnie Béja) et les Lions Libres (ethnie Rashaïda) tous deux sis dans les collines de la Mer Rouge à l’Est du Soudan, qui y faisaient de l’agitation et des attentats en protestant contre leur marginalisation, s’unissent en un Front Est dont la base est la partie des collines de la Mer Rouge tenue par l’opposition et l’ALPS (cf. 1997). 

16 septembre 2004

Résolution du Parlement européen condamnant le gouvernement soudanais pour son appui délibéré, au Darfour, aux attaques (meurtres, violences sexuelles, pillage, harcèlement…) visant des civils, tant dans les villages que dans les camps de personnes déplacées.

18 septembre 2004

Résolution du Conseil de Sécurité menaçant le Soudan de sanctions pour son incapacité à résoudre la crise du Darfour. La résolution 1564 du Conseil de sécurité, adoptée par 11 voix sur 15, quatre pays s'abstenant (Chine, Russie, Algérie et Pakistan), avertit que le Conseil envisagera des sanctions contre l'industrie pétrolière du Soudan, si le gouvernement soudanais ne remplit pas ses promesses de protéger la population du Darfour, et ce après consultation de l'Union africaine. Cette résolution est un coup d’épée dans l’eau, du fait de veto de la Chine à des sanctions dans l’industrie pétrolière où elle a de gros intérêts.

La Résolution invite en outre le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, à mettre sur pied une commission internationale chargée d'enquêter sur les informations faisant état de violations du droit international au Darfour.

Décembre 2004

Pourparlers de paix au Darfour : Un protocole humanitaire prévoit le libre accès de toutes les aides humanitaires. Les forces gouvernementales et les rebelles doivent rester dans les régions qu’ils contrôlent. Les forces de l’Union Africaine auront toutes les peines du monde à délimiter ces zones.
  Béchir renouvelle l’état d’urgence.

La compagnie française Total, qui avait abandonné les opérations de prospection dans le sud duSoudanen 1985 à cause de la guerre, signe un nouveau contrat avec Khartoum à la veille de la paix.

31 décembre 2004

Signature à Naivasha (Kenya) de deux protocoles sur un cessez-le-feu permanent entre le gouvernement et le MLPS et la présence de 12000 casques bleus au Sud pendant la période intérimaire.

9 janvier 2005

Signature par le Premier Vice-président TAHA et le Président du MLPS, John Garang, d’un Accord global de paix comprenant tous les protocolesprécédemment signés. L’Accord prévoit une période de pré-transition de six mois suivie d’une période de transition de six ans, devant se terminer par un référendum sur l’autodétermination au Sud Soudan. Il institue les droits de l’homme, la fin de l’état d’urgence et la liberté de presse  Il prévoit également l’élaboration d’une constitution nationale de transition. Garang devient Président du  Sud-Soudan.

Fin janvier 2005

La Commission d’enquête des NU sur les crimes commis au Darfour, conclut que de nombreux crimes de guerre et crimes contre l’humanité y ont été commis et que les auteurs  principaux doivent être déférés à la Cour Pénale Internationale, les juridictions soudanaises étant incapables de gérer le problème.  Elle remet au Secrétaire Général des NU, dans deux dossiers assortis de preuves, scellés pour protéger les témoins, une liste de cinquante-deux personnes et une autre liste de 40 personnes, pour lesquelles des études approfondies n’ont pu être faites.

Mars 2005

Dans une < vidéo > diffusée par Human Rights Watch, un haut dirigeant des Janjawid, Musa Hilal, affirme que le gouvernement soudanais soutient et dirige toutes les activités des milices au Nord Darfour. Le gouvernement soudanais, lui, déclare à nouveau que les “bandits” janjawid, et non les tribus, sont les seuls responsables des atrocités commises au Darfour, conséquence des affrontements ethniques récurrents dans la région, tandis que lui-même est “neutre.”  

24 mars 2005

Résolution du Conseil de sécurité créant la mission des Nations Unies au Sud-Soudan (MINUS) pour une période initiale de six mois ans. Celle-ci sera chargée notamment d’apporter un soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix global du 9 janvier et faciliter et coordonner le retour des personnes déplacées et des réfugiés.

31 mars 2005

Résolution du Conseil de Sécurité, à l’instigation de la France, déférant à la Cour Pénale Internationale (CPI) les personnes soupçonnées par la Commission d’enquête des NU de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Panique des officiels soudanais, d’autant que la Commission a aussi donné les noms de personnes informés des crimes et n’ayant rien fait pour les arrêter.

Mars/Avril 2005   

Les États-unis semblent adopter une politique beaucoup plus souple à l’égard du Soudan. La CIA n’aurait plus d’agents postés en Afrique de l’Est et compterait sur Khartoum pour l’informer.

2 avril 2005

Le Président soudanais jure qu’il ne livrera jamais un Soudanais à une juridiction étrangère (CPI) estimant que la justice soudanaise est « compétente, honnête et juste ». 300 étudiants [islamistes ?] manifestent à Khartoum contre Paris, Washington et l’ONU.

11 avril 2005

Réunion à Oslo des donateurs du Soudan : 4,5 milliards de dollars   promis pour reconstruire le sud du pays désormais pacifié mais dans des conditions de sous-développement dramatiques.

21 avril 2005

Par une résolution sur la situation des droits de l’Homme au Soudan, la Commission des droits de l’Homme décide de créer à nouveau le mandat de « Rapporteur spécial des droits de l’Homme au Soudan » pour une période d’un an. Nomination d’une Afghane, Sima Samar, ancien premier ministre adjoint dans son pays.

9 mai 2005

Résolution du Parlement européen demandant à tous les Etats de la communauté internationale et au gouvernement soudanais de soutenir et d’aider la Cour pénale internationale dans son enquête sur la situation au Darfour.

11 mai 2005

Publication par le journal Le Monde d’un article de deux avocats du Soudan à Paris et Bruxelles et d’un professeur de droit de Paris V, critiquant le fait que des officiels soudanais soient déférés devant la Cour Pénale Internationale [pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour]. Les auteurs prétendent que le procureur de la CPI n’est pas autorisé à faire une enquête, ce qui est faux. Ils déplorent que les documents envoyés au procureur aient une teneur « singulièrement confidentielle ». – ce dont la commission s’est expliquée publiquement : il s’agissait de protéger les témoins du risque de torture et de mort. Cette ingérence contrarierait « le processus de paix est en cours au Soudan » - alors que la paix est faite au Sud et non au Darfour. Enfin les auteurs s’élèvent contre le fait que les citoyens américains ne soient pas soumis à cette Cour, seul argument de quelque vérité. Nulle part il n’est question du sort abominable des populations du Darfour, ni de la culpabilité des dirigeants soudanais.

5 juillet 2005

Signature entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Darfour d’une déclaration de principes  à Abuja sous l’égide de la co-médiation de l’Union africaine.

6 juillet 2005

Ratification de la nouvelle Constitution de transition du Soudan. Celle-ci reconnaît les droits de l’homme mais offre l’immunité  aux responsables gouvernementaux soudanais du plus haut niveau.

9 juillet 2005

John Garang devient Vice-président du Soudan. Conformément à l’accord de paix, suppression de l’état d’urgence présent depuis cinq ans et demi, sauf dans le Darfour et l’Est. Libération de Tourabi, le plus visible des privés de liberté sans jugement. Peu d’autres seront libérés.

Au Darfour il n’y a plus de villages à brûler, mais les viols et les attaques de civils continuent. Des enfants sont égorgés. On parle de génocide.

30 juillet 2005 

Mort de John Garang dans un accident d’hélicoptère.

1er Août 2005

Le Conseil du MLPS nomme Salva Kiir, ancien vice-président du Sud,  à la succession de John Garang.

4 août 2005 

Le Président soudanais nomme, selon les termes de l’accord de paix, Salva Kiir au poste de premier Vice-président du pays. Celui-ci s’engage à poursuivre le processus de paix entamé par son prédécesseur.

Suite à l’annonce de la mort de John Garang, de nombreuses émeutes de Sudistes, qui imputent cette mort au gouvernement soudanais, éclatent et font 130 morts et 350 blessés dans le seul Khartoum.

22 août 2005

Les Nations Unies, suite à une demande du gouvernement soudanais, annoncent qu’elles vont apporter une aide logistique à l’enquête sur la mort de John Garang faite par le Soudan, l’Ouganda, propriétaire de l’hélicoptère, la Russie son fabricant, et les États-unis.

Juillet 2005

Le Front Est lance une offensive sans lendemain, mais semble en avoir gardé les bénéfices.

20 septembre

Conformément à l’accord de paix, constitution d’un gouvernement d’unité nationale à Khartoum principalement Congrès National /MLPS.

La guerre du Sud a fait 2 à 3 millions de morts, 4 millions de personnes déplacées et ½ million de réfugiés.

La guerre du Darfour a fait à ce jour, 300 000 morts, 2,4 millions de déplacés, 200 000 réfugiés au Tchad.

 

Chronologie établie par Aircrige et Vigilance-Soudan en octobre 2005.