• 14 octobre
2005
10h00 : Conférence de presse au CAPE organisé par
Aircrige
Que se passe-t-il réellement au Darfour ?
Centre d'Accueil de la Presse Etrangère. Maison de
Radio France, 116 avenue du Président Kennedy.
- Introduction par Catherine Coquio, présidente d'Aircrige.
- Présentation du livre de Gérard Prunier : Darfour,
un génocide ambigu , à paraître à La
Table Ronde.
- Entretien entre Gérard Prunier et Noël Mamère.
< écouter l'enregistrement >
• 14h00
- 19h30 : Colloque à l'EHESS (partenariat
Aircrige - Collectif Urgence Darfour - Vigilance Soudan -
Comité
Soudan). Le Darfour et les crimes d'Etat au Soudan.
Le conflit au Darfour a
fait en deux ans près de 400.000 morts (1),
plus de deux millions de déplacés, et 200.000 réfugiés
au Tchad.
Pendant ce temps-là, pourtant, le Soudan était
placé sous le regard de la « Communauté internationale »,
soucieuse des négociations entre le gouvernement et le
SPLA (Mouvement de Libération du Peuple Soudanais) :
celles-ci débouchèrent sur la paix du 9 janvier
2005, après une guerre civile de deux décennies,
qui a fait 2 millions de victimes.
Qu'en est-il aujourd'hui de cette paix fragile, après
la disparition récente de John Garang, tandis que les
crimes continuent au Darfour, mais aussi dans le Sud du pays?
Les milices au service
de Khartoum, recrutées parmi certaines tribus arabes,
continuent de sévir contre les populations : au Darfour,
avec le viol ethnique dont sont victimes les femmes jusque dans
les camps de réfugiés, c'est à présent
l'égorgement des enfants.
Le travail des ONG est
sans cesse empêché par le régime : menaces
et tracasseries administratives, arrestation d'expatriés,
assassinats de personnel local. Un rapport de Médecins
Sans Frontières sur les crimes sexuels commis au Darfour
a valu à deux membres, au printemps 2005, l'arrestation
pour « crime contre le Soudan » (2).
Publiant son livre Darfour : un génocide ambigu ,
Gérard Prunier s'est vu menacé de procès
en diffamation par l'ambassade du Soudan (3).
Qu'en est-il des intentions
réelles du gouvernement soudanais ? Que signifient
ces rébellions et massacres en chaîne, région
après région?
L'histoire du Darfour,
et la place de cette région dans le jeu des forces sociopolitiques
et ethniques au Soudan, font que l'actuelle situation est en
certains points spécifique. Mais ces violences s'intègrent
dans une suite : celle des politiques raciales que le gouvernement
soudanais a eues et continue d'avoir vis-à-vis des peuples
identifiés comme non arabes - ceci depuis 1983, et surtout
depuis qu'une junte militaro-intégriste a pris le pouvoir
en 1989. Après les Nubas (contre lesquels fut lancé un
appel au Djihad en 1992), le Bahr El Ghazal (1998) et les massacres
en zones pétrolifères (1999-2003), le Darfour est à son
tour le lieu de tueries et supplices insensés.
Le fait que les victimes
du Darfour soient musulmanes, et non, comme au Sud et dans les
Monts Noubas, animistes ou chrétiennes, montre que ces
politiques de terreur et d'extermination se pensent comme une
guerre de "race" et non de religion. Il ne s'agit pas
seulement d'un difficile partage du pouvoir, des richesses et
du territoire, mais d'une guerre contre les Noirs, dès
lors que ceux-ci se pensent aussi ou d'abord comme
tels, entrant alors en rébellion.
Il convient d'interroger,
et si possible de cerner le caractère génocidaire
de ces politiques, que la Convention de 1948 pour la prévention
et la répression du crime de génocide, devrait
dès lors empêcher.
Après les résultats
accablants de la commission d'enquête dépêchée
par l'ONU, la situation au Darfour a été déférée à la
Cour Pénale Internationale par le Conseil de sécurité.
Mais qu'en est-il réellement de la volonté politique
des Etats susceptibles de faire changer cette situation ?
Qu'en est-il de l'opinion française et occidentale, dont
la passivité fait loi depuis des décennies, en
pleine banalisation de l'atrocité ?
Notes :
1 Chiffre
avancé par G. Prunier. L'ONU, dont les estimations sont à revoir à la
hausse la plupart du temps, parlait en mars 2005 de 200.000
morts de maladies et d'épidémies, de 50.000 tués
- fusillés, poignardés et brûlés
- et de 2, 4 millions de déplacés, dont 1 million
en 2004.
2 Ils
ont depuis été relâchés. L'accusation
de « crime contre l'Etat » leur
faisait risquer la pendaison.
3 Relayée
en France par l'association « Défense-Soudan »,
dont les représentants ont trouvé tribune
au Monde.
Programme
14h00 Accueil et introduction
Hubert Barbier (Vigilance-Soudan), Jacky Mamou (Collectif Urgence
Darfour), Dominique Sopo (SOS Racismes), Catherine Coquio (Aircrige).
14h30 Projection du documentaire
d'Alain Chabod et Wissam Charaf : Le Darfour brûle
toujours (2005, 20 mn), en présence d'A. Chabod.
15h00 Table-ronde animée
par Patrick Beaudouin (Président d'honneur de la FIDH),
avec :
- Gérard PRUNIER (Directeur du Centre Français
d'études Ethiopiennes) : Les politiques génocidaires
au Soudan.
- Marc LAVERGNE (Géographe. Chercheur au CNRS) :
observations sur le Darfour.
- Rachid SAEED (Journaliste) : la médiation de l'UA
et les négociations de paix à Abuja entre les mouvements
rebelles et le régime de Khartoum
- Mohamed NAGI (Journaliste) : la dimension géopolitique
régionale du conflit du Darfour
- Simone DUMOULIN (Vigilance-Soudan) : la mise en oeuvre
du processus de paix dans le Sud
17h00 Pause
17h30 Interventions de :
- Jennifer SCHENSE (Analyste associé au Bureau du Procureur
de la Cour Pénale Internationale) : La question du
Darfour déférée à la Cour Pénale
Internationale : enjeux et difficultés.
- Egbert WESSELINK (coordinateur d'ECOS) : le génocide
et la question pétrolière au Soudan.
- Alain DENEAULT (Centre canadien d'études européennes.
Université de Montréal) : le clivage Nord
/ Sud dans les discours sur le Soudan.
19h30 Clôture.
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