Dictature et racisme d'Etat au Soudan et en Mauritanie : répression, esclavage, extermination

COLLOQUE INTERNATIONAL.
Dictature et racisme d'Etat au Soudan et en Mauritanie : répression, esclavage, extermination.
31 mai-1er juin 2002
Université Paris IV-Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, Paris 5ème.
Amphithéâtres Guizot et Descartes.
Organisé par : Aircrige, en collaboration avec : l'OCVIDH, SOS-Esclaves, Soudan-Solidarité, Vigilance-Soudan, Survie.

Nous remercions chaleureusement Julie Wornan, ainsi que les organisations Survie, CCFD, CSI, Vigilance Soudan, Soudan-Solidarité qui ont aidé à la réalisation financière de ce colloque.

Argument :

Le but du colloque est de mener une analyse critique parallèle de deux formes actuelles de racisme d'Etat extrêmement mortifère en Afrique. Depuis la mise en place de régimes violemment répressifs au cours des années 1980 en Mauritanie (1984) et au Soudan (1989), ces deux républiques islamiques, qui sont en fait des dictatures militaires (déguisée en démocratie constitutionnelle en Mauritanie, animée d'idéologie intégriste au Soudan), ont mis sous coupe réglée leurs populations, déjà blessées par des décennies d'esclavage racial, de terrorisme d'Etat et, au Soudan, de guerre civile. Les individus, quels que soient leur appartenance et leurs mobiles, n'y jouissent d'aucune liberté d'expression, et la vie de pans entiers des populations noires est chroniquement menacée. Une politique d'arabisation forcée s'accompagne d'une répression systématique de toute dissidence, y compris musulmane, avec actes de torture, viols et mutilations, d'un soutien actif plus ou moins affiché aux pratiques d'esclavage, avec rapts des femmes et des enfants (convertis de force au Soudan), enfin d'une politique extrêmement meurtrière d'expulsions massives ou de déplacements forcés de populations noires désignées comme ennemies, qu'elles soient musulmanes en Mauritanie, ou, au Soudan, animistes ou chrétiennes.

Cette politique d'épuration ethnique, liée au Soudan à l'exploitation du pétrole, sur fond d'une guerre civile Nord-Sud qui s'éternise et se banalise en couvrant des pratiques criminelles d'une autre nature que la guerre, poursuit un objectif clair de nettoyage des territoires concernés, et va jusqu'à une politique d'extermination à l'encontre de certaines "ethnies" (les Noubas en particulier) dont la possible nature génocidaire mériterait une enquête autonome. Les intérêts occidentaux dans ces deux pays, à la fois économiques et diplomatiques, liés aux intérêts pétroliers, et aux impératifs de lutte internationale contre le terrorisme, font que ces régimes sont alternativement menacés et protégés, voire courtisés, par les puissances ex-coloniales et outre-atlantiques. Les faibles rappels à l'ordre onusiens restent ainsi lettre morte, malgré les rapports accablants des organismes de défense des droits de l'homme, en l'absence de toute volonté politique internationale d'arrêter les crimes d'Etat. La destruction des populations civiles au Soudan, et la répression des dissidents et militants antiesclavagistes en Mauritanie, connaissent en ce moment même un regain de violence.

Il s'agit donc ici de déchiffrer ces logiques raciales et d'attirer l'attention sur ces agissements, en donnant une occasion de se faire entendre à ceux qui, à divers titres, en sont victimes et tentent de trouver une réplique en surmontant leurs divisions intérieures, qu'elles soient politiques, culturelles ou religieuses.

Vendredi 31 Mai (Amphithéâtre Guizot)
14h00 : Projection de courts-métrages documentaires
sur le Soudan et la Mauritanie (dont Dying for oil de Julie Flint (30 min), 2002 ; extraits de Mauritania and the Arab Slave Trade, de Samuel Cotton, 1996)

16h00 : L'esclavage racial en Afrique
- Catherine Coquio (Aircrige-Paris IV) : "À propos d'un mythe judéochrétien, d'un tabou musulman et d'un déni français (La malédiction de Cham et l'esclavagisme arabe)"
- Garba Diallo (Historien, Danemark) : "Les causes internes et externes du maintien de l'esclavage en Afrique"

Le cas de la Mauritanie
- Mohammed Yahya Ould Ciré. (Membre fondateur de l'Association des Haratines de Mauritanie en Europe. AHME. Paris) : "L'esclavage arabo-berbère en Mauritanie"

Le cas du Soudan
- Francis Nazario (sociologue. Association contre l'Esclavage au Soudan. France). .

Samedi 1er juin (Amphithéâtre Descartes) – 9h00
Formes du racisme d'Etat et de la répression politique en Mauritanie. Point de vue historique et analyse politique.
- Saïdou Kane (historien) : "Histoire de l'esclavage et des mouvements anti-esclavagistes en Mauritanie"
- Nacer Ould Yessa (juriste de SOS-esclaves Mauritanie, Paris) : "Racisme, esclavage et impunité : les ressorts de la domination en Mauritanie"

Réflexions et témoignages
- Mahamadou Sy (Association mauritanienne des Droits de l'Homme, auteur de L'Enfer d'Inal. Mauritanie : l'horreur des camps, 2000) : témoignage d'une expérience du camp.
- Table-ronde : "Ethnicité, impunité, démocratie : les enjeux"
Avec : Oumar Diagne (Vice-président de Mauritanie un Autre Regard) ; Souleymane Niang ; Abderrahmane Ngaide ; Ibnou Diagana (OCVIDH) ; Mamadou Samba Diallo (FLAM)

14h00 : Formes du racisme d'Etat et de la répression politique au Soudan. Réflexions et témoignages extérieurs
- Christian Mailhes (Soudan-Solidarité) : "Politiques (post)coloniales et violence d'Etat : le cas du Sud Soudan"
- Julie Flint (Journaliste. Londres) : "1. Criminalité politique et exploitation du pétrole; 2. l'extermination des Nubas"
- Hubert Barbier : l'expérience militante de Vigilance-Soudan (1992-2002)

Témoignages d'exilés et de dissidents soudanais
- Rudolf Kasimiro (Lyon) : "Les comportements politiques du régime depuis 1989".
- Naget Mohammed Ali (Organisation soudanaise des Droits de l'Homme. Paris) : "Répression politique et culturelle, guerre, génocide : trois piliers du régime islamiste au Soudan"
- Monseigneur Taban (évèque du diocèse Torit au Soudan)