23 avril 2010

Annonce de parution: De l'idéologie coloniale à celle du développement. Une analyse du discours France-Afrique de Françoise Dufour

Vous trouverez ci-dessous la présentation d'un livre d'une de nos membres, Françoise Dufour, chercheure au CNRS (Montpellier 3) en sciences du langage :

De l'idéologie coloniale à celle du développement. Une analyse du discours France-Afrique
L'Harmattan, collection Espaces discursifs.



L’ouvrage propose une analyse du discours de l’idéologie qui structure les relations de dominance que la France a nouées avec une partie du continent africain. Comment l’idéologie coloniale de civilisation des peuples sauvages reformule-t-elle l’idéal du progrès des Lumières ? Comment cette idéologie civilisatrice se recompose-t-elle dans les discours de l’aide au développement des pays sous-développés ? L’analyse du discours, dans un ensemble de textes sur la colonisation et le développement de l’Afrique autour du Mali, permet de reconstituer les éléments de changement et de continuité de l’ordre du discours. Elle met à jour les modalités de construction d’un « type » normatif de citoyen occidental civilisé, développé, face à une figure d’Autre, à la fois pensé comme un Même en devenir et, dans le même temps, mis à la marge et stéréotypé. L’ouvrage entend ainsi montrer quelques-uns des moyens dont dispose l’analyste du discours pour apporter son éclairage propre dans le champ des études des idéologies, et au-delà dans
celles de l’idéologie.
Françoise Dufour, docteur en sciences du langage, est chercheur en analyse du discours rattachée au laboratoire Praxiling (CNRS et Université Montpellier 3). Après une expérience de conseil en développement du tourisme dans les pays bénéficiaires de l’aide publique au développement (pour le compte d'organisations internationales), elle a consacré sa thèse de doctorat à l’analyse du discours colonial et postcolonial sur le développement de l’Afrique.



BON DE COMMANDE A retourner à L’HARMATTAN -7 rue de l’École Polytechnique
75005 Paris
Veuillez me faire parvenir ...... exemplaire(s) du livre : De l’idéologie coloniale à celle du développement
Prix unitaire de 25 € ; frais de port à ajouter : 3 euros + 0.80 euro par livre supplémentaire
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31 janvier 2010

Colloque: Hommage à la Résistance au Génocide des Tutsi du Rwanda. Enquête, Justice et Réparations pour les Basesero, Genève

La Communauté Rwandaise de Suisse, France Rwanda Génocide Enquête-Justice et Réparation Ibuka Suisse, Les amis de Bisesero, Intore za Dieulefit, Isi (Initiatives Solidaires Internationales) et ES-MA (Échanges et Savoir – Mémoire Active) organisent :

Samedi 13 (de 13 h. à 20h)

et Dimanche 14 Février 2010 de 9h. 30 à 12h 30

au colloque

Hommage à la Résistance au Génocide des Tutsi du Rwanda

Enquête, Justice et Réparations pour les Basesero

en l'Auditorium de la Haute École de Travail Social (HETS)

16, rue du Pré-Jérôme, 1205 Genève

Samedi 13 Février de 13 h à 20 h :



Colloque « Enquête, Justice et Réparations pour les Basesero »

Dimanche 14 Février : 9 h 30 - 12h 30 :

Table ronde « Perspectives et actions à mener pour la reconnaissance
des responsabilités dans l'organisation et la mise en oeuvre du
génocide des Tutsi du Rwanda, pour la justice et les réparations
envers les rescapés »

13 et 14 Février :

Installation de Lara Garcia-Reyne La colline qui lançait des Pierres


Argumentaire


Bisesero est le nom d'un massif de l'Ouest du Rwanda qui surplombe le lac Kivu.Dans la mémoire rwandaise, ces hautes collines sont un symbole de la résistance à l'entreprise d'extermination des Batutsi du Rwanda qui s'est déroulée en 1994.

Pour avoir repoussé les auteurs des pogroms de 1959, de 1962 ou de 1973, les Basesero acquirent une réputation de résistants farouches au point que par milliers, en avril 1994, les Batutsi des collines voisines ou plus lointaines convergèrent vers le promontoire réputé inexpugnable de Bisesero. Les dizaines de milliers de personnes qui se réfugièrent sur ce massif opposèrent la plus vive résistance aux génocidaires qui voulaient massacrer jusqu'au dernier d'entre eux. Ailleurs aussi (sur la colline de Murambi à Gikongoro, à Karama, dans les marais de Nyamata...) des groupes de victimes promis à la destruction se sont défendus avec des pierres et d'autres armes dérisoires mais ce qui distingue la résistance de Bisesero est son caractère organisé et sa durée.

En résistant aux tueurs les réfugiés de Bisesero perturbèrent la planification des massacres qui prévoyait que la « solution finale » du « problème Tutsi » soit réglée dès la fin du mois d'avril 1994. C'est pourquoi, les éradiquer est vite devenu une priorité pour les les autorités génocidaires rwandaises. Elles mobilisèrent et armèrent donc des troupes extérieures à la région pour parvenir à cette fin. Certains des tueurs les plus impitoyables de la région et d’ailleurs furent appelés à Bisesero pour superviser les miliciens, les soldats et les résidents des environs dans le cadre des tueries et veiller à ce que leur tâche fût parachevée. Malgré leur courage, les réfugiés ne furent pas de taille à lutter contre les forces du génocide. Selon les estimations, sur cinquante à soixante mille, seulement quelques mille d’entre eux, survivaient fin juin.

Les résultats des enquêtes les plus sérieuses sur le rôle de la France dans l’histoire de cette éradication sont particulièrement accablants. Il apparaît ainsi que l’appareil d'État du « pays des droits de l’homme » fut étroitement lié à l’organisation performante de l’élimination des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards qui tentaient de se défendre avec des moyens dérisoires contre l’agression des miliciens et une mort certaine. Fin juin, les militaires français, agissant sur ordre de leur commandement, ont estimé que les Tutsi réfugiés là, étaient des membres du FPR infiltrés et que, pour cela, il fallait qu'ils soient éliminés. Avant, pendant et même après l’Opération Turquoise, les enquêtes mènent aujourd’hui toutes à la même constatation : un soutien inconditionnel de l'appareil d'État français aux génocidaires,
qui se révèle en particulierà travers l’organisation et l’exécution du génocide à Bisesero.

Conférences, table-ronde, débats permettront d'entendre les témoignages de rescapés de Bisesero et de rendre compte des recherches menées ces quinze dernières années sur les crimes de génocide commis dans cette zone. A cette occasion seront présentés : l’histoire de la population de ces collines et la vie des réfugiés avant, pendant et après le génocide, par la voix de différents acteurs, rescapés, enquêteurs, chercheurs, amis et soutiens des Basesero…

Organisateurs : CORS (Communauté Rwandaise Suisse), France Rwanda Génocide Enquête, Justice et réparation , Isi (Initiatives Solidaires Internationales), ES-MA (Échanges et Savoir – Mémoire Active)
Partenaires : Ibuka Suisse, Intore za Dieulefit, Les amis de Bisesero (Genève)



Programme

Samedi 13 Février

13h. Vernissage de l'installation de Lara Garcia « La colline qui lançait des Pierres »

13 h.30 Colloque « Enquête, Justice et Réparations pour les Basesero »

Présentation de la journée et des intervenants par les organisateurs du colloque : Gervais Gahigiri, Président de la Communauté Rwandaise de Suisse et Jean-Luc Galabert, membre des associations France Rwanda Génocide Enquête, Justice et réparation, Isi et ES-MA

13 h. 40 Allocution de circonstance par Michel Gakuba, président d'Ibuka Suisse ;

13h. 50 Histoire de Bisesero et des Abasesero jusqu'en 1994, par Jean-Luc Galabert, psychologue, auteur de Les enfants d'Imana, histoire sociale et culturelle du Royaume Rwanda (à paraître) ;

14h. 10 Projection du film « Bisesero, des rescapés témoignent », introduit par Cécile Grenier réalisatrice du documentaire, journaliste, scénariste du livre de bandes dessinées, Rwanda 1994, résultat de plusieurs années de recherches dont 6 mois d’enquête au Rwanda

15h. 10 Témoignage de Samuel Musabyimana, habitant rescapé de Bisesero ;

15h. 30 Débat avec la salle

16h.00 Pause

16h. 20 Bisesero dans le contexte de l'opération Turquoise, par Emmanuel Cattier, militant de Survie membre fondateur de la Commission d'Enquête Citoyenne ;

16h. 30 Récit et analyse d'un témoin de la présence militaire française dans la zone Turquoise, par Luc Pillionnel, présent au Rwanda en 1994, témoin auditionné par la commission Mucyo Commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l’implication de l’État français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 ;

16h 50 « Un Tutsi peut être un combattant en puissance » ou comment les Français « ont pris » les survivants de Bisesero pour des ennemis à éliminer, par Jacques Morel, ingénieur, auteur de Assassins ! La contribution française au génocide des Tutsi du Rwanda (à paraître)

17h. 20 Débat avec la salle

18h. 00 Bisesero, modus operandi d'une enquête par Georges Kapler, membre de la Commission d'Enquête Citoyenne, producteur du film « Rwanda, un cri d'un silence inouï », réalisateur de témoignages filmés de rescapés du génocide des Tutsi, membre de la commission d'Enquête Citoyenne ;

18h. 20 Vivre aujourd'hui à Bisesero, par Anne-Marie Truc de Intore za Dieulefit et Roland Junod, des Amis de Bisesero (Suisse) ;

19h. 10 Débat avec la salle

19h. 40 Allocution de clôture, Bisesero au regard de l'implication française au cours du génocide » par Michel Sitbon, éditeur, auteur de Un génocide sur la conscience, directeur de publication de la revue La nuit rwandaise


Dimanche 14 Février : 9 h 30 - 12h 30 :


Table ronde : « Perspectives et actions à mener pour la reconnaissance des responsabilités dans l'organisation et la mise en oeuvre du génocide des Tutsi du Rwanda, pour la justice et les réparations envers les rescapés »

(Ce programme est susceptible de légères modifications de contenu)

Informations pratiques

Contact informations : Jeannine Munyeshuli‐Barbé

m.janine@worldcom.ch - 41 79 540 27 19


Accès

Auditorium de la Haute École de Travail Social (HETS)
16, rue du Pré-Jérôme, 1205 Genève
(L'auditorium est situé au point E du plan)


Transports en commun: Depuis la Gare : Prendre Tram 13 ou bus 1
Arrêts les plus proches : Tram 13 , arrêt Augustins
Bus 1, arrêt "Pont d'Arve".


20 octobre 2009

[Colloque] "Les massacres de masse au Guatemala"

L'Association Aircrige, le CETRI (Université Louvain la Neuve), l'Equipe Lettre et Histoire de l'Université de Paris 8, France Amérique Latine (Paris), le Laboratoire GERHICO (Université de Poitiers) et le Réseau européen des Comités Oscar Romero (Alost-Belgique) ont le plaisir de vous inviter au


Colloque international et transdisciplinaire
« Les massacres de masse au Guatemala : formes et séquelles d’une violence organisée (1960-2009)»


qui se déroulera à Paris, Palais du Luxembourg, salle Monnerville,
le samedi 14 novembre 2009
de 9h à 18h


Entrée : 15 ter, rue de Vaugirard, Paris 6ème (métro Odéon, lignes 4 et 10-RER Luxembourg)
Se munir de la présente invitation et d’une pièce d’identité
Inscription obligatoire avant le 10 novembre 2009 auprès de Laure Coret (lcoretp8@free.fr) ou Sébastien Jahan (sebastien.jahan@univ-poitiers.fr)


PROGRAMME

Matinée

Accueil des participants (9h)

Ouverture (9h30) : Sophie THONON-WESFREID, avocate (FAL), “la violence de masse en Amérique latine, l'emploi du mot 'génocide' et ses implications juridiques ”


Séance 1 : présidente : Véronique NAHOUM-GRAPPE (EHESS/Paris)

I- Les événements et leurs qualifications (10h-12h)

Sébastien JAHAN, historien (Université de Poitiers) : “Les racines historiques de la violence génocidaire au Guatemala (colonisation, 'révolution libérale')”

Yvon LE BOT, sociologue (CNRS, Paris) : “La guerre au Guatemala : un génocide ?”

David COLLIN, producteur, réalisateur et romancier (Fribourg, Suisse) : “Paroles de victimes : les rescapés du conflit armé et leurs témoignages”


Pause déjeuner (12h-14h)


Après-midi

Séance 2 : présidente : Laure Coret (Université Paris 8, Aircrige)

II- Séquelles et survivances (14h-16h)

Bernard DORAY, psychiatre-psychanalyste et Concepción DORAY-DELAGARZA, psychanalyste, sur “Les séquelles traumatiques du conflit armé et leur clinique”

Rootman Estivel PEREZ ALVARADO, juriste (Sobrevivientes, Guatemala) : “¿ La violencia estructural del Guatemala de hoy es una consecuencia del conflicto aramado ?”

Patrick BARD, journaliste et écrivain (France) : “Du génocide au féminicide”


Pause : 16h-16h30


Séance 3 : président : Catherine Coquio (Université de Poitiers/Aircrige)

III- Perspectives (16h30-17h45)

Bernard DUTERME, sociologue (CETRI, Université de Louvain-la-Neuve, Belgique) : “Gauche sociale, gauche politique : une comparaison Bolivie/Guatemala ”
Gérard FENOY (France Amérique Latine, Paris) : “Les rencontres de jeunes et leur rôle dans la construction de la paix”

17h45

Conclusions et ouvertures par Gabriel PERIES, docteur en sciences politiques, enseignant-chercheur (Institut National des Télécommunications)



Comité scientifique : Laure CORET, Guido DE SCHRIJVER, Bernard DUTERME, Gérard FENOY, Sébastien JAHAN, Gabriel PERIES

12 octobre 2009

[Parution] Les Tsiganes en France...


Les Tsiganes en France : un sort à part, 1939-1946

Par Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, préface de Henriette Asséo.

À paraître le 15 octobre 2009, aux éditions Perrin.






Présentation de l'éditeur


Pour la première fois, un livre fait le point sur des événements encore largement méconnus du grand public comme des spécialistes de la Seconde Guerre mondiale.

A l'automne 1940, les Tsiganes de France furent rassemblés pour être transférés dans une trentaine de camps gérés par Vichy. Ces Français de souche parfois ancienne (certains sont arrivés au XVe siècle), quelquefois sédentaires mais le plus souvent nomades, étaient fichés depuis 1912 et tenus par la loi de faire valider leurs "carnets anthropométriques" auprès des gendarmeries : des fichages préalables qui facilitèrent leur internement.

Ainsi le sort des Tsiganes en France fut particulier, différent de celui qui fut fait aux Juifs déportés dans les camps de concentration et d'extermination et aux Tsiganes d'Europe. En mettant en lumière cette page ignorée de notre histoire, Marie-Christine Hubert et Emmanuel Filhol ont réalisé ici un travail inédit, souvent émouvant, grâce aux témoignages qu'ils ont retrouvés dans les archives, mais aussi auprès de survivants.

Cette histoire tragique croise celle de la Seconde Guerre mondiale avec son cortège d'horreurs - abandonnés dans leurs camps, les Tsiganes vont vivre dans des conditions misérables et ne seront libérés qu'en 1946 -, mais elle puise aussi ses sources aux fondements de la Troisième République : une république fortement attachée à façonner un citoyen français à ses normes - laïc, sédentaire, éduqué - aux antipodes d'une culture orale, nomade, et... différente.

Marie-Christine Hubert est historienne et archiviste. Elle est l'auteur d'une thèse d'histoire sur les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Emmanuel Filhol est maître de conférences hors classe à l'université de Bordeaux I.

11 octobre 2009

[Parution] Douce France : rafles, rétentions, expulsions


Douce France : rafles, rétentions, expulsions

Collectif, sous la direction d'Olivier Le Cour Grandmaison
Parution le 1er octobre 2009, aux éditions du Seuil.



« Nous connaissons les existences et les espoirs ruinés de ceux qui sont raflés placés en centre de rétention, puis forcés d’embarquer dans des avions ou des navires à destination de leur pays d’origine. Telle est la situation qui nous porte à écrire, telle est la raison d’être de ce livre : témoigner, penser, résister, autant que faire se peut. »

Élaboré avec le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF), Douce France est un livre engagé, rédigé par des spécialistes. De façon méthodique et pluridisciplinaire, il explore la politique migratoire menée par la France. Approches historiques, sociologiques, psychanalytiques et juridiques se complètent ici pour dresser le tableau inquiétant d’une politique indigne.

Publié sous la direction d’Olivier Le Cour Grandmaison maître de conférences en philosophie et sciences politiques à l’Université d’Évry-Val-d’Essonne, il rassemble des contributions de : Marc Bernardot professeur de sociologie, Alain Brossat professeur de philosophie, Armando Cote psychanalyste, Jérôme Valluy maître de conférences, Nicolas Ferran permanent de la Cimade, Serge Slama maître de conférences, Serge Portelli magistrat, Seloua Luste Boulbina chercheuse associée, Claire Rodier chargée d’étude au Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) ainsi qu’une vingtaine de témoignages de sans-papiers.


[Pour lire l'introduction d'Olivier Le Cour Grandmaison, au format PDF, cliquer ici]
(Texte publié ici avec l’aimable autorisation de l’éditeur et de l’auteur. © Editions seuil, 2009 - Olivier Le Cour Grandmaison, Douce France : rafles, rétentions, expulsions ; pp. 17 à 39.)
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TABLE DES MATIERES


Première partie : Traquer, interner, expulser


Témoignage de Doris

Rafles et internement des étrangers : les nouvelles guerres de capture par Marc Bernardot

Témoignage de Fatoumia

"L’Etat c’est lui !" Le Préfet, homme-orchestre de la persécution des sans-papiers par Alain Brossat

Témoignage d’Aïdara

Témoignage de Gladys

Les victimes de tortures et de violences politiques par Armand Cote

Témoignage d’Hodilon Ndouzi

L’Empire du rejet : xénophobie de gouvernement et politiques migratoires entre Europe et Afrique par Jérôme Valluy

Témoignage de Max


Deuxième partie : Les droits et libertés mis à mal

La politique d’immigration contre les couples mixtes par Nicolas Ferran

Témoignage d’Adam

La "race des porteurs de cocardes" par Serge Slama
Témoignage de Salem

Une singulière justice des étrangers par Serge Portelli
Témoignage de Chloé

Les poursuites judiciaires à l’encontre des tiers par Selou Luste Boulbina

Témoignage d’Hussein

Europe et migrations : la gestion de l’inquiétude. L’exemple de la directive "retour" par Claire Rodier

Témoignage de Lili de la Brie

Paroles de militants. Qui sont ces anonymes, ces électrons libres ?



Annexe 1. Extrait de jugement de la Grande Chambre de la Cour Européenne des droits de l’homme

Annexe 2. Extraits de la lettre de mission reçue par Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.



06 octobre 2009

[Rencontres] Palabres centre-européennes


La Maison Heinrich Heine,
en collaboration avec la Maison de la culture yiddish, le Centre tchèque,
les Instituts hongrois, slovaque, polonais et roumain, Les Amis du Roi des
Aulnes,
sur l’initiative du CIRCE (Centre Interdisciplinaire de Recherches
Centre-Européennes)
de l’Université de Paris-Sorbonne et l’Association Adice
vous invitent aux


PALABRES CENTRE-EUROPEENNES

PANORAMA DES LIVRES SUR L’EUROPE CENTRALE

Lundi 12 octobre 2009 à 19h30 à la Maison Heinrich Heine


Tous les deux mois, auteurs, traducteurs et éditeurs présentent des livres ayant trait à l'Europe centrale (Autriche, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, etc.) récemment parus en français.

Séance animée par Étienne Boisserie, maître de conférences en histoire de l’Europe centrale, histoires slovaque et tchèque, Inalco


Vingt ans après 1989

- Collectif, À l’ombre du Mur, Paris, éditions des Syrtes (à paraître le 15 octobre 2009).
Présenté par Marie Vrinat-Nikolov, professeur de langue et littérature bulgares à l’Inalco, directrice du Centre d'Étude de l'Europe médiane.

- Vincent Giret et Christian Duplan, La Vie en rouge, Paris, Seuil, 2009.
Présenté par les auteurs, journalistes à France 24 et à Marianne.


Domaine germanique


- Klaus Mann, Contre la barbarie 1925-1948, traduit de l’allemand par Dominique Laure Miermont et Corina Gepner, Paris, Phébus, 2009.
Présenté par Valérie Robert, maître de conférences en études germaniques à l’Université de Paris III Sorbonne-Nouvelle.

- Claudio Magris, Loin d’où ? Joseph Roth et la tradition juive-orientale, traduit de l’italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau, Paris, Seuil, 2009.
Présenté par Jean-Léon Muller, traducteur, membre du Centre d’études de l’Europe médiane, Inalco.


Domaine Europe centrale


Antoine Marès (dir.), Lieux de mémoire en Europe centrale, Institut
d’études slaves, 2009.
Présenté par l’auteur, professeur d’histoire de l’Europe centrale à l’Université de Paris-I Panthéon-Sorbonne.

– sous réserve de modification -


Renseignements pratiques :

Maison Heinrich Heine – Cité internationale universitaire
27c boulevard Jourdan, Paris 14e, tél : 01.44.16.13 04

Organisation :
Aurélie Rouget-Garma, Université Paris-Sorbonne et CIRCE, Aurelie.Rouget-Garma(at)paris-sorbonne.fr

Coordination :
Malgorzata Smorag-Goldberg, Université Paris-Sorbonne et CIRCE, maougocha(at)usa.net

05 octobre 2009

[Rwanda] Les enfants nés après le génocide



Les enfants nés après le génocide rwandais, traumatisés à leur tour
Par Albert-Baudouin Twizeyimana et Fulgence Niyonagize
Publié dans La Tribune des droits humains, le 5 octobre 2009.


Les jeunes Rwandais nés après le génocide apprennent peu à peu ce qui s’est passé et le supportent très mal. Nombreux à souffrir de troubles psychologiques, ils peinent à suivre leurs études et les crises de traumatisme collectives dans les écoles sont fréquentes.


Syfia Grands Lacs/Rwanda - G. K., 15 ans, orphelin rescapé du génocide, a décidé d’abandonner l’école. "Mon père et ma mère avaient fait l’université, mais ces études ne leur ont rien valu. Je ne veux pas me fatiguer inutilement", se résigne-t-il. Les plus courageux qui restent à l’école sont, cependant, traumatisés comme lui par ce qu’ils ont vécu ou entendu. À l’école secondaire de Nemba, au nord du Rwanda, au moins six élèves ont eu une violente crise traumatique lors d’un débat sur la lutte contre l’idéologie génocidaire, fin août dernier.

En regardant un documentaire, We are all Rwandans (Nous sommes tous des Rwandais), sur les massacres qui ont eu lieu dans une école secondaire de l’ouest du pays, les cris et pleurs ont jailli dans la salle. "Ils vont nous tuer nous aussi, nous allons tous mourir…", hurle la première victime, sitôt imitée par une bonne partie de ses camarades qui ne supportent pas la fusillade dans ce film. "Toute la famille de mon père a été décimée par les grenades, ceux- là aussi ont des grenades comme ceux qui ont tué mes tantes et oncles, se rappelle une des souffrantes qui tente de se sauver. Maintenant c’est moi que ces tueurs cherchent. Je dois me cacher."

Troubles psychologiques

De nombreux enfants nés après le génocide ont ainsi des difficultés à suivre les cours, surtout ceux qui traitent de ce passé douloureux. ’’Ils sont nombreux à passer plusieurs années sans pouvoir suivre en classe. Certains veulent savoir ce qui s’est passé, mais quand ils l’apprennent, ils commencent à manifester des troubles psychologiques, témoigne un responsable d’une école de l’Est.

Ils deviennent instables à l’école, passent des nuits agitées avec des cauchemars, s’isolent ou souffrent de maladies psychosomatiques comme des faiblesses corporelles, maux de tête intenses, hoquets…", "Enseigner à de tels enfants demande une grande attention, car tout peut raviver leurs blessures, remarque un enseignant du Nord. Quand on explique ce que c’est le génocide et ses causes, il arrive que le cours ne termine pas, car certains élèves refusent d’écouter ou piquent des crises de traumatisme."

Le déterrement et l’enterrement des corps des victimes du génocide, sa commémoration, les témoignages dans les tribunaux gacaca : tout pousse les jeunes à connaître le passé. Les enseignants redoutent que la crise d’un élève réveille des émotions chez d’autres et que finalement toute l’école soit touchée.

Une douleur partagée

"Avant, je ne pouvais pas comprendre qu’un enfant dont les parents, coupables de génocide, sont en prison, puisse souffrir psychologiquement", confie K. F., 14 ans, enfant d’une famille de rescapés. "Puisque les orphelins rescapés de génocide ont tout ce dont ils ont besoin à l’école, le matériel scolaire, les frais d’études tout payé par le Fonds d’assistance au rescapé de génocide…, je pensais qu’ils ne souffraient pas réellement. Quand mes collègues avaient des crises, je croyais que c’était seulement une façon de faire pitié ", se libère cette élève de 3e, à Nemba. La directrice de cette école confirme que ceux qui souffrent sont aussi bien des enfants de rescapés que ceux dont les parents sont en prison ou morts des suites des événements passés du Rwanda.

"Le traumatisme psychologique peut toucher la victime, l’auteur ou l’observateur de la tragédie", explique un enseignant formé à la prise en charge les élèves malades. "Actuellement, les souffrants sentent qu’ils ne sont pas seuls à souffrir, les gens commencent à comprendre les causes de leur souffrance. Leur douleur est partagée avec l’entourage et ils sont un peu soulagés", ajoute-t-il.

Cependant, des enfants continuent à se traiter mutuellement de tous les noms et s’accuser de tous les maux. "Certains élèves mal intentionnés ou mal informés traumatisent leurs collègues, constate un membre de l’Association rwandaise des conseillers en traumatisme.

Les orphelins et les enfants dont les parents ont disparu pendant la guerre ou ont été emprisonnés pour génocide sont souvent traités, comme leurs parents de génocidaires, par leurs camarades, mais des fois aussi les rescapés sont traités d’espions du gouvernement, culpabilisés et stigmatisés à tort." Pour aider ces jeunes, des séances de discussion collectives et individuelles sont souvent organisées.

La Commission nationale de lutte contre le génocide et l’Ong la Benevolencija, par exemple, sillonnent le pays pour sensibiliser les élèves à la lutte contre les violences de masse et leurs conséquences dont le traumatisme psychologique. Dans chaque école, deux instituteurs sont formés à prendre en charge les élèves malades.

D’après, Mme Agnès Binagwaho, secrétaire permanente au ministère de la Santé, près d’un quart des malades qui consultent les médecins souffrent de problèmes de santé mentale.

Albert-Baudouin Twizeyimana


Au Sud, les élèves gèrent eux-mêmes les cas de traumatisme

"Avant, chaque fois qu’un enfant était traumatisé, on courait vite à l’hôpital. Mais à présent, nous le mettons dans un lieu sécurisé ; nous lui faisons du counselling pour ne pas qu’il contamine les autres.

C’est lorsque c’est grave que nous l’amenons à l’hôpital", explique Epimaque Nayigiziki. Cet élève animateur du lycée de Nyanza, au sud du Rwanda, avait bénéficié, en 2006, des formations de l’Association rwandaise des conseillers en traumatisme (ARCT-RUHUKA). Cette prise en charge des élèves traumatisés par d’autres élèves formés à répondre à leurs angoisses a permis de réduire les crises collectives dans certaines écoles du sud du pays.

Au groupe scolaire Gatagara, à Butaré, des étudiants de la faculté de santé mentale travaillent avec des groupes d’élèves depuis l’an dernier. "Grâce à eux, nous avons su que le trauma n’est pas lié seulement aux conséquences du génocide. Les blessures d’un accident, apprendre qu’on est infecté du VIH à l’âge adulte alors qu’on le savait pas avant…peuvent aussi être à la base du trauma", souligne Muhigira Marcel, un élève Étudiant et danseur traditionnel, Nsengiyumva Toto a fait, lui, de l’art thérapie avec les enfants de la 4e et 6e année de l’école primaire de Rukira, à Huye. Par la danse, il a pu aider des enfants à exprimer leurs émotions et à s’ouvrir les uns aux autres : "Avant, disaient-ils, ils jouaient dans des groupes à part parce que les uns étaient rescapés, les autres avaient les pères en prison.

Actuellement, ils partagent tout. Les uns vont d’ailleurs passer la nuit chez les autres sans problème", souligne-t-il.

D’autres initiatives, comme celle de l’Agence adventiste d’aide au développement au Rwanda (ADRA) ont été lancées pour former les directeurs et les enseignants sur ce qu’est le traumatisme et ses effets sur l’éducation des élèves. Actuellement, ce sont les enfants qui n’ont ni vu ni vécu le génocide qui sont touché parce que "les réactions et émotions de leurs parents qui ont vécu tel ou tel événement, leur façon de penser, d’agir, etc., ont des répercussions sur leur vie", explique Nsengiyumva Toto.

Fulgence Niyonagize