05 juin 2009

[Rencontre] Poèmes de la bombe atomique

Lecture et présentation du préfacier et traducteur, Claude Mouchard
Mercredi 10 juin à partir de 18h30
Librairie Les Temps Modernes, Orléans

Poèmes de la bombe atomique, de Tôge Sankichi, paru aux Editions Laurence Teper.



Ces poèmes, écrits entre 1949 et 1951 par Tôge Sankichi, irradié à Hiroshima par l’explosion le 6 août 1945, sont, pour reprendre les mots de Kenzaburo Oé, prix Nobel de littérature, «les poèmes les plus admirables sur les drames causés par le bombardement atomique et la dignité de l’homme qui ne capitule pas devant eux». Claude Mouchard, traducteur et préfacier de l’ouvrage présentera et lira des extraits de ces poèmes-témoignages qui disent l’Histoire, rappellent le souvenir, opposent leur force au silence du désastre.

Plus d'informations sur le site de l'éditeur : http://www.editionslaurenceteper.com/fiche-livre.asp?Clef=36, et à l'adresse habituelle : http://librairielestempsmodernes.blogspot.com/

Les Temps modernes - 57 rue ND de la Recouvrance - 45000 Orléans - 02 38 53 94 35

04 juin 2009

[Projection-débat] La Mémoire des enfants, ENS

La Mémoire des enfants

Mercredi 10 juin 2009, 20h
École Normale Supérieure
45 rue dʼUlm, 75005 Paris, Salle Dussane




La Mémoire des enfants, film de Hannes Gellner et Thomas Draschan, 74 min, Autriche/France 2007.

Entre 1942 et 1944, en France plus de 11 400 enfants juifs furent livrés aux Nazis par les autorités françaises et assassinés à Auschwitz. Serge et Beate Klarsfeld, infatigables traqueurs de criminels nazis, historiens et militants de la mémoire, présentent ici des matériaux inédits, issus de recherches historiques minutieuses. Ce film de Hannes Gellner et Thomas Draschan suit la « méthode Klarsfeld » : il tente de sortir les victimes de l’anonymat.
Dans des entretiens bouleversants, six rescapés de la Shoah, enfants ou adolescents à l’époque, mettent en perspective leur destin personnel avec le contexte historique. Ils relatent les rafles ordonnées par Vichy, les conditions inhumaines dans les camps français ainsi que la livraison de milliers de femmes et d’enfants aux nazis. En outre, Serge Klarsfeld souligne le rôle décisif de nazis autrichiens dans la mise en œuvre de la « solution finale » en France.

La projection sera suivie d’un débat avec : Beate et Serge Klarsfeld, militants de la mémoire, Hanna Kamieniecki, témoin et Hannes Gellner, réalisateur.
Modérateur : Dominique Trimbur, historien, Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Organisation : Ruth Vogel-Klein, ENS et Karoline Feyertag, doctorante Université de Vienne/ENS.
Soutenu par : Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Forum culturel autrichien Paris, Amis de la Mémoire. Film soutenu par : Land Haute-Autriche, Ville de Vienne, Ministère Culture Autriche.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Compte rendu d'ouvrages

Juifs et Polonais. 1939-2008

La Fin de l’innocence. La Pologne face à son passé juif

Par Catherine Coquio, pour La Quinzaine littéraire, deuxième numéro d'avril 2009.




Au moment où paraît une très belle enquête de Jean-Yves Potel, La Fin de l’innocence. La Pologne face à son passé juif, paraît aussi un imposant collectif de chercheurs, Juifs et Polonais 1939-2008, dirigé par Jean-Charles Szurek et Annette Wieviorka. Tout aussi précieux, ce fort volume complète idéalement l’autre, sur un mode plus universitaire. Le premier, écrit à la manière d’un récit personnel, fait état de quatre ans d’investigation sur un phénomène que le collectif, lui, replace dans une histoire longue et éclaire à la loupe point par point : le retour de mémoire, chez les Polonais, sur la présence juive et son effacement. La Pologne est le pays d’Europe où s’est effectué pour une grande part le génocide nazi, sur fond d’un antisémitisme national qui a souvent aggravé les choses et empoisonné les mémoires. Mais c’est aussi le seul pays de l’aire post-communiste à avoir ouvert un si vif et vrai débat sur sa position de témoin aveugle, indifférent ou terrifié, et parfois compromis dans le crime.

Au cœur de ces deux livres on trouve le thème de « l’obsession de l’innocence » (J. Tokarska-Bakir) qui cache le « tabou » de la haine et de l’inavouable spoliation des Juifs. Cette hantise liée au thème du pays martyr, et à sa modulation antifasciste, a longtemps plombé ou troué la mémoire du « pays témoin » (J.C. Szurek). Le mythe de l’innocence fait l’objet aujourd’hui d’un très actif processus de deuil. Depuis l’ouverture des archives, et plus que jamais depuis la fin des années 90, l’intelligentsia sur ce sujet fait l’effet d’une ruche, et elle est relayée par une partie importante de la société polonaise.. Ce mouvement est encouragé par les autorités, comme en témoigne l’aménagement des camps en lieux de mémoire; l’Institut de la Mémoire Nationale, créé en 1998 dans un esprit anticommuniste, a lui-même fini par se saisir de la question.

La puissance du « tabou » cède ainsi devant ce qui relève souvent d’une autre hantise, largement répandue dans la génération née au cours des années 60 : celle des voisins d’hier enterrés ou disparus en masse, dont le poids pèse si fort qu’il faut en retrouver l’image, la trace, la langue. Oeuvres, expositions, livres du souvenir, appels et recensements d’archives, enquêtes et cycles pédagogiques se multiplient à un rythme croissant depuis les premiers grands débats suscités par le texte explosif du professeur de littérature Jan Blonski, « Les pauvres Polonais regardent le ghetto » (1987), qui commentait le poème de C. Milosz « Campo dei Fiori » : comme souvent, un texte littéraire a fait brèche. Ce processus s’emballe depuis les travaux de l’historien Jan T. Gross, exilé aux Etats-Unis en 1969, sur les pogroms commis pendant et après la guerre – Jedwabne en 1941(Les Voisins, 2000), à Cracovie et à Kielce en 1945-1946 (La Peur, 2006) : après un moment de stupeur, ces livres ont déclenché un immense débat, assorti d’une repentance publique des autorités et des évêques, bouleversant la perception de l’antisémitisme. Le regard polonais sur le ghetto relève aujourd’hui de la tentative de réparation, qui passe souvent par une reconstruction imaginaire, à laquelle se prête la science historique la plus pointue. En 2001 deux historiens ont fait paraître un « Guide d’une ville qui n’existe plus », qui reconstitue le fonctionnement du ghetto de Varsovie de sorte qu’on se représente ce que les Juifs eurent à y subir. « Si nous voulons voir ce monde perdu, disent-ils en préface, nous devons l’extraire de couches d’oubli, d’indifférence et d’ignorance ». C’est cet impressionnant travail d’extraction que radiographient et réalisent ces deux ouvrages passionnants.

Enseignant et conseiller culturel à l’Ambassade de France à Varsovie entre 2001 et 2005, J.-Y. Potel a passé au crible cette révolution culturelle dans ses formes académiques, médiatiques, artistiques, tout en engageant une recherche sur l’œuvre et la vie d’Anna Langfus, écrivain française d’origine juive polonaise, rescapée, traduite là-bas et bientôt rééditée ici. Cette œuvre attachante n’est pas la seule à faire l’objet d’une attention inédite en Pologne. C’est le cas de bien d’autres écrivains juifs polonais, qu’ils aient émigré aux USA comme le romancier yiddish Isaac Bashevis Singer et plus tard Henryk Grynberg, en Israël comme Ida Fink, ou qu’ils soient restés dans leur pays d’origine, comme Hanna Krall, dont la voix forte est très entendue aujourd’hui.

De manière vivante et sensible, souvent saisissante, Jean-Yves Potel raconte ses rencontres avec les principaux acteurs – souvent des femmes, remarque-t-il - de ce renouvellement des relations polono-juives, en les faisant parler de leur propre parcours. Parmi les universitaires, l’historienne Barbara Engelking-Boni, psychologue de formation, dirige depuis 2003 un centre de recherche sur l’Holocauste à Varsovie; Jolanta Zyndul, qui a renouvelé la méthode d’étude des légendes de meurtre rituel, dirige le Centre d’études juives « Mordechaj-Anielewicz » (qu’avait fondé en 1991 le Pr Tomaszewski); Andrzej Zbikowski, qui a dirigé un gros travail collectif sur la Pologne et les Juifs sous l’occupation allemande, témoigne de « l’avalanche » des jeunes fouilleurs d’archives à l’Institut historique juif - qu’avaient animé Michel Borwicz et Philip Friedmann avant de fuir le stalinisme. Feliks Tych, son ex-directeur, rescapé comme eux, codirige avec une littéraire, Monika Adamczyk-Garbowska, un vaste programme sur « La Pologne après l’holocauste ». Celle-ci, traductrice de Singer, dirige un centre interdisciplinaire à Lublin, tandis que celui de Maria Janion est devenu « un des hauts lieux de la déconstruction des mythes polonais », où se sont formées « les personnalités les plus corrosives de la Pologne postcommuniste ». Plusieurs de ces chercheurs, non-juifs, ont engagé leurs travaux à partir d’un choc, souvent la découverte d’un nom d’auteur inconnu ou d’archives jamais travaillées – comme celles des Conseils juifs à Lublin (Tadeusz Radzik). Le yiddish et l’hébreu sont enseignés dans les universités, et un Congrès d’études juives d’ampleur nationale s’est tenu en juin 2008.

Cette dynamique a mobilisé aussi des journalistes, comme Bella Swarcman-Czsarnota, rédactrice au mensuel du « renouveau juif » Midrasz, qui témoigne du chemin parcouru depuis l’époque où les Juifs étaient traités de « 5ème colonne », mais s’inquiète des effets déréalisants d’une certaine idéalisation ethnographique; ou Anna Bikont, qui en 2000 a quitté son journal pour aller enquêter – de nuit ! – auprès de la population de Jedwabne, où sévissait un négationnisme virulent au sujet du pogrom de 1941. La même, quatre ans auparavant, avait édité le catalogue d’une bouleversante exposition de photos, « Et je vois encore leur visage », réalisée avec les 8000 réponses reçues par la fondation « Shalom » à une question diffusée dans la presse : « Avez-vous des photos des Juifs avant la guerre dans vos archives familiales ? ». Le rapport tourmenté à l’histoire et à l’identité s’exprime avec force dans les jeux troublants d’artistes bien médiatisés, tels les plasticiens et photographes Piotr Ulanski, Zbigniew Libéra, le metteur en scène Krzysztof Warlikowski, le réalisateur Artur Zmikewski, dont les œuvres iconoclastes ont suscité des scandales porteurs, parfois relayés par les enseignants : ainsi après la sortie d’un film réalisé par celui-ci, l’anthropologue Joanna Tokarska-Bakir a envoyé ses étudiants enquêter sur les croyances populaires à Sandomierz, où un vieux tableau antisémite français était pieusement conservé dans une cathédrale, après avoir servi de preuve à charge contre les Juifs accusés de crime rituel. J.-Y. Potel interprète ces retours de fantômes à la lumière de la légende du Dibbouk, dans le texte qu’il a donné au collectif Juifs et Polonais. On n’est pas surpris de l’y retrouver parmi ses contributeurs, comme plusieurs des chercheurs qu’il évoque dans son livre : il était une des chevilles ouvrières des rencontres franco-polonaises dont ce volume est issu.

Plusieurs se souviennent de l’important colloque qui s’est tenu en janvier 2005 à la Bibliothèque Nationale : on y avait entendu parler Marek Edelman, survivant de l’insurrection du ghetto de Varsovie, on y avait vu le film de G. Moscovicitz sur Belzec, et une trentaine de chercheurs s’y étaient rencontrés, habitant pour beaucoup en Pologne ou en France, mais venus aussi d’USA, d’Israël, du Canada et d’Allemagne. C’est de ce colloque, et de rencontres franco-polonaises qui l’avaient précédé à Paris et à Lublin, qu’est né le volume Juifs et Polonais. Il a pour particularité d’intégrer, à titre de point de comparaison, certains aperçus relatifs à l’histoire et la mémoire françaises de la Shoah et de l’occupation, comme la place de la figure du déporté (O. Lalieu), la mémoire cinématographique (S. Liebman, S. Lindeperg), le phénomène des maîtres chanteurs et profiteurs de Juifs (J. Grabowski, L. Joly), l’institution de l’UGIF (M. Laffitte) dont la comparaison avec les Conseils juifs fait saisir combien complexe était sa réalité.

Les contributions relèvent majoritairement des disciplines des deux organisateurs, la sociologie et l’histoire, mais en intégrant la perspective culturelle au sens large. La littérature est évoquée à travers les « discours d’Auschwitz » (K. Grierson), les chroniques de ghetto (J. Leociak), la littérature yiddish (E. Weil, J. Nalewajko-Kulikov) et le cas de deux grands auteurs non-juifs, témoins à divers titres : T. Borowski (A. Grudzinska) et C. Milosz (A. Laignel-Lavastine). Ce volume, bouclé par une forte synthèse historique de J.C. Szurek sur les « figures du Témoin polonais » de l’après-guerre au post-communisme, se tient résolument sur le double versant de l’histoire et de la mémoire, avec un souci de précision égal dans les deux domaines. La mise en relation des mémoires juive et polonaise et le décloisonnement des deux historiographies ouvrent des perspectives fortes sur le rôle des consciences subjectives dans l’écriture de l’histoire, et sur la nécessaire collaboration, sur ces sujets, entre historiens et anthropologues.

Ce travail de précision permet non seulement d’en finir avec certains stéréotypes polonais - et français ! - sur la Pologne martyre et son antisémitisme. Il confirme la proposition méthodologique mise en œuvre par Saul Friedländer dans L’Allemagne nazie et les Juifs, qui mène de front l’étude des archives nazies et celle des témoignages des victimes. La masse d’archives défrichées ici est d’une extrême diversité, mêlant témoignages de tous bords et documents de nature politique, policière ou juridique : communiqués, parfois stupéfiants, de l’Etat clandestin polonais pendant la guerre (D. Libionka, M. Urynowicz), lettres de délateurs (B. Engelking), archives des régimes communistes (A. Kichelewski), pièces des tribunaux allemands (J. Grabowski); témoignages de Juifs cachés en milieu aryen (M. Melchior) ou qui fuirent en masse en URSS, entretiens de Juifs et de Polonais révélant les mutations identitaires récentes.

En France, l’effet de ces travaux et de leur mise en relation est celui d’une véritable mise au jour. Ce qui apparaît souvent comme un bloc devient une histoire complexe, scandée par des événements relus à travers les controverses qu’ils ont suscitées : pogroms, insurrection du ghetto de Varsovie, campagne antisémite de 1967-68; menées de l’Eglise catholique, de la béatification de Kolb (1971) à l’affaire du Carmel d’Auschwitz (1984-1989) ; 40e anniversaire de l’insurrection du ghetto de Varsovie (1983), projection de Shoah de Lanzmann (1985), débats suscités par Blonski (1987), renouveau historiographique, etc…

Les formes et l’évolution de l’antisémitisme polonais sont observées de près, sans en contourner les aspects les plus terribles, ni non plus leur complexité. Si le financement du Conseil d’aide aux Juifs (Zegota) par la Délégation polonaise en exil apparaît dans son insuffisance dérisoire (M. Urynowicz), une part est faite à l’aide que bien des Polonais ont apportée aux Juifs au risque de leur vie. Il est précieux et douloureux à la fois de se rappeler ce que les effets au long cours de la terreur nazie et de l’occupation soviétique ont effacé par la suite : Juifs et Polonais se sentirent fortement solidaires pendant la campagne défensive et le « grand exode » au début de la guerre, même si les déchirements ultérieurs y ont fait voir une grande illusion. Ce qui reste accablant mérite d’être médité au-delà du cas polonais : le génocide nazi n’a pas affaibli mais aggravé l’antisémitisme dans les années d’après-guerre, produisant des angles morts violents et durables (B. Szaynok). Au-delà des manœuvres du régime communiste et de l’Eglise catholique (J. Huener), le spectre de la domination juive, loin de déserter le pays, a ressurgi avec l’annonce des privatisations (A. Cala).

Les efforts de dégagement critique qui mobilisent la société polonaise, chacun aux prises avec sa propre mémoire, n’en sont que plus remarquables. Ils font saisir par contraste ce que la surchauffe mémorielle en France a parfois de frelaté, voire de suspect. « En ces temps de débauche mémorielle, j’ai pensé qu’il était bon de revenir à des situations de base », écrit Jean-Yves Potel en préambule de La Fin de l’innocence. On sent ce même parti-pris dans les « études solides » et le « tableau multiforme » présentés par Annette Wieviorka et Jean-Charles Szurek.

Catherine Coquio

Sri Lanka

Sri Lanka : ONU silencieuse, régime impuni
Article publié sur le site de l'association Mémorial 98


"Si des diplomates et de hauts responsables de l'Onu sont trop timides pour dénoncer les atrocités au moment où elles se déroulent, quel espoir reste-t-il d'éviter de futures entreprises d'extermination ? » ( le Times de Londres)

Le silence et les mensonges de l'ONU ont permis au régime sri lankais de massacrer des milliers de civils tamouls réfugiés dans le Nord du pays.

Malgré les tentatives du gouvernement sri lankais et de ses protecteurs, parmi lesquels la Chine est encore au premier rang, la vérité commence à se faire jour : il y a bien eu des bombardements massifs de civils ; le chiffre des morts est proche de 20000 personnes, bien loin de celui de 2800 avancé par le gouvernement et cautionné par l'ONU.
Le personnel de l'ONU écoeuré par cette attitude fait connaître ses constats sur le terrain.

Impunité garantie ?

Le régime sri lankais cherche maintenant l'impunité. Celle-ci est le pendant et la condition première du négationnisme et c'est pourquoi nous y revenons dans ce site dédié à la lutte contre le négationnisme (voir notre article précédent Sri Lanka: Tamouls en danger )

Le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a décidé le 27 mai de ne pas enquêter sur les victimes civiles de la guerre.
Cette décision provoque la colère des associations de défense des droits de l'homme dont Human Rights Watch, particulièrement mobilisée et incisive.

Au premier rang de la défense du gouvernement sri lankais : la Chine mais aussi un front, à priori surprenant : l'Afrique du Sud (qui avait déjà refusé en son temps de délivrer un visa pour une visite du Dalaï Lama) le Brésil, Cuba, l'Inde, le Pakistan, l'Uruguay, l'Arabie Saoudite...
La résolution votée se focalise uniquement sur les violations des droits de l'homme dont s'est rendu coupable la rébellion des Tigres tamouls (LTTE).

Adoptée à une majorité de 29 voix pour, 12 contre et 6 abstentions, elle ne réclame pas d'enquête, comme l'ont pourtant demandé tardivement le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme Navi Pillay.

Dans son allocution d'ouverture devant le Conseil Mme Pillay avait appelé à une enquête "internationale, indépendante et crédible".

"Il y a de fortes raisons de penser que les deux parties (au conflit) ont grossièrement bafoué le principe fondamental de l'inviolabilité des civils", avait-elle affirmé, citant notamment "l'utilisation d'artillerie contre des régions densément peuplées" par les forces gouvernementales sri lankaises.

À l'inverse, la résolution insiste sur "le respect de la souveraineté" du Sri Lanka et sur "le principe de non-ingérence" dans les affaires intérieures mentionné par la Charte des Nations unies. On peut donc massacrer impunément, selon ce principe qui revient pour la circonstance sur le devant de la scène.

De plus, le texte voté "loue" les autorités de Colombo pour leurs mesures envers les déplacés à l'intérieur du pays, au nombre de 300.000 selon l'ONU, et "accueille favorablement" le Sri Lanka pour ses "efforts" dans le domaine des droits de l'homme.

Silences de l'ONU: la récidive

Tout au long de la campagne militaire, la hiérarchie de l'ONU a gardé le silence, bien qu'elle ait disposé d'éléments accablants sur la conduite de l'armée sri-lankaise et à faillir "
Le refus de l'ONU de publier le bilan des victimes est révélateur. Une cellule onusienne a pourtant collecté et recoupé des données auprès d'employés locaux de l'ONU, d'ONG, de médecins ou de prêtres.

Son total, entre le 20 janvier et le 13 mai (une semaine avant l'assaut final), est de 7 720 morts (dont 678 enfants) et 18 465 blessés (dont 2 384 enfants). Mais ces chiffres n'ont pas été rendus publics car il y a eu "une tentative de suppression systématique de ce matériel", affirme un officiel onusien.

Mi-avril, lorsqu'il arrive pour sa première mission au Sri Lanka, Vijay Nambiar délivre aux responsables onusiens locaux un message étonnant : l'ONU devrait garder "un profil bas" et jouer "un rôle d'appui", "compatible avec le gouvernement", explique-t-il. À cette époque, les morts et les blessés se comptent par milliers. À son retour, l'ONU annonce que Colombo accepte la venue d'une mission humanitaire dans la zone des combats. Elle ne verra jamais le jour.
Le 11 mai, après la mort de plus de 100 enfants, le porte-parole de l'ONU à Colombo, Gordon Weiss, évoque enfin un "bain de sang". Le gouvernement le somme de s'expliquer. Sa hiérarchie le lâche. Le 17 mai, sur Al-Jazira, Amin Awad, chef local du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) abondant dans le sens des déclarations victorieuses du gouvernement, affirme qu'il ne reste presque aucun déplacé dans la zone de combat. "C'était donner un chèque en blanc au gouvernement pour lâcher un tapis de bombes sur la zone", déplore un responsable onusien. C'est exactement ce que le gouvernement a fait.

Il y a des précédents à cette passivité de l'ONU: les plus significatives sont celles face au génocide des Tutsis au Rwanda et à celui des Musulmans bosniaques de Srebrenica.

Le 11 juillet 1995, alors que les milices serbes de Bosnie approchent de l'enclave de Srebrenica, des dizaines de milliers de civils prennent la route de Potocari, à 8 kilomètres de distance. C'est là qu'est basé le quartier général du bataillon néerlandais de soldats de la Forpronu (Force de protection des Nations unies). Quatre cent cinquante hommes y sont chargés d'assurer la protection des quelque 40 000 habitants de Srebrenica, en majorité des musulmans de Bosnie.

Quand les miliciens serbes de Bosnie séparent les hommes des femmes, les soldats néerlandais regardent et laissent faire. Les hommes sont entassés dans des cars et seront exécutés. On dénombre environ 8 000 victimes à l'issue de ce massacre, qualifié de « génocide » par la Cour Internationale de Justice et par le TPIY. Parmi les hommes qui ont choisi de se placer sous la protection des Nations unies, pratiquement aucun n'a survécu. Ceux des habitants de Srebrenica qui se sont réfugiés dans les forêts, eux, ont eu un peu plus de chances de survie ».

Le mandat de l'ONU en Bosnie prévoyait pourtant clairement un recours à la force en cas de besoin. Le 10 juillet, la veille du massacre, le commandant du bataillon néerlandais avait demandé au général français Bernard Janvier, qui assumait le commandement militaire des Nations unies en ex-Yougoslavie, de lancer des frappes contre les forces serbes de Bosnie. Mais il n'a pas été entendu.
Deux avions de l'ONU ont bien décollé, mais sans effectuer de frappes significatives. En France, une mission parlementaire s'interrogea en 2001 sur les raisons de cette « erreur » du général Janvier et conclut que « Srebrenica est aussi un échec pour la France ». « La mission d'information est convaincue qu'en effectuant des frappes massives sur la route sud, la seule qui menait à Srebrenica, l'ONU et l'Otan auraient pu arrêter l'offensive », estimaient les auteurs du rapport.
Le général Janvier avait rencontré Ratko Mladic, le chef militaire des Serbes de Bosnie, un mois avant le massacre. À l'époque, plusieurs centaines de Casques bleus étaient retenus en otages par les milices serbes. La commission parlementaire française n'exclut pas l'hypothèse qu'une entente ait été trouvée entre les deux hommes : la libération des otages contre la non-intervention de l'ONU à Srebrenica.
Une autre hypothèse met en cause les autorités néerlandaises de l'époque. Le 11 juillet, le ministre de la Défense néerlandais aurait téléphoné au commandement de la Forpronu pour demander que les avions de l'ONU, qui avaient déjà décollé, regagnent leur base. Il aurait craint pour la vie des Casques bleus néerlandais.

L'affaire est extrêmement sensible aux Pays-Bas, au point qu'elle a contraint un Premier ministre à la démission. En 2002, un rapport officiel a été publié, estimant que les soldats néerlandais ont été confrontés à une « mission impossible » à Srebrenica, car ils étaient trop faiblement armés. Le débat suscité par cette interprétation Une plainte a également été déposée contre l'ONU par les familles des victimes de Srebrenica. Mais le tribunal néerlandais qui avait été saisi s'est dit incompétent, car l'ONU bénéficie de l'immunité.
Les Nations unies ont reconnu leur responsabilité dans le massacre de Srebrenica en 1999. Un rapport présenté par son secrétaire général, Kofi Annan, reconnaissait alors la « faillite de la politique dans des zones de sécurité ».
Le rapport ajoute : « La communauté des nations, en décrétant un embargo sur les armes, a laissé les Serbes dans une position de supériorité militaire écrasante et a, en fait, privé la République de Bosnie-Herzégovine de son droit de légitime défense, consacré dans la Charte des Nations unies ». « La fourniture d'une aide humanitaire n'était pas une initiative suffisante face aux opérations de ´´nettoyage ethnique´´ et de génocide ». « Srebrenica a été le révélateur d'une vérité que l'ONU et le reste du monde ont comprise trop tard, à savoir que la Bosnie était une cause morale autant qu'un conflit militaire. La tragédie de Srebrenica hantera à jamais notre histoire ».

L'inertie de l'Onu au Rwanda

Les Nations unies ont laissé le génocide se dérouler. Dans son premier rapport qui date du 28 juin 1994, alors sur le terrain au moment des faits, René Dégni Ségui, ancien rapporteur spécial pour le Rwanda, souligne l'inertie des Nations Unies qui pourtant étaient « alertées et amplement informées de ce génocide », lors de sa préparation. Dès janvier 1994, le Général Dallaire alors commandant des Casques bleus à Kigali signale à l'Onu les camps d'entraînement hutus. Il cite même un ancien chef de sécurité du président Habyarimana qui vante les mérites de ses hommes pouvant tuer « 1 000 Tutsis en 20 minutes ».
Le 15 avril, une semaine après le début du génocide, le Conseil de sécurité de l'Onu prend la décision de réduire son contingent à 500 hommes. Pendant les 100 jours qui ont causé la mort de 800 000 Tutsis et Hutus modérés, le Conseil de sécurité n'est même jamais intervenu pour renforcer la présence des Casques bleus dans le pays et pour essayer de mettre un terme aux exactions. Pire encore, au plus fort des massacres, il a refusé d'autoriser l'envoi de nouvelles troupes. Dans ce cas aussi, Kofi Annan finit par reconnaître la faillite de son institution.

La situation au Sri Lanka est une nouvelle illustration de la paralysie onusienne face aux massacres.

Seule la solidarité de l'opinion internationale, des ONG, des peuples, peut empêcher la reproduction de tels événements et faire émerger une véritable institution internationale garante de la paix et des doits de l'homme.

01 juin 2009

[Projection] "Des Français sans histoire"

Projection du film de Raphael Pillosio Des Français sans Histoire :

Vendredi 5 juin à 19h30 à la Femis
6 rue Francœur, Métro Lamarck-Coulaincourt.

Contact : 05 45 95 25 83
atelierdocumentaire@yahoo.fr


Des Français sans Histoire

La France a interné des hommes, des femmes et des enfants catégorisés comme « Nomades » durant la Seconde Guerre mondiale. A la recherche des dernières traces de ce passé, ce film raconte l’histoire méconnue d’une population qui est marginalisée et stigmatisée depuis plus d’un siècle par l’Etat français.


une co-production l’atelier documentaire / 24 Images / Le Mans Télévision

Avec le soutien de la Région des Pays de la Loire, de la Région Poitou-Charentes, du département de la Charente, du CNC et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah