22 février 2008

Séminaire : Le devenir de l’archive au cinéma. Images des camps nazis et du génocide des Juifs.Le devenir de l’archive au cinéma

Le devenir de l’archive au cinéma.
Images des camps nazis et du génocide des Juifs.

Séminaire organisé par Sylvie Lindeperg à L'INHA, Paris.
Dates : samedi de 11h à 15h ou 10h-14h

-samedi 23 février
-samedi 15 mars
-samedi 29 mars
-samedi 12 avril
-samedi 10 mai ou 17 mai
-samedi 24 mai

Ce séminaire, élaboré sur plusieurs années, cherchera à retracer l’histoire et la généalogie propre à chaque forme cinématographique — documentaire de montage, témoignage filmé, fictions de reconstitution… — choisie par les cinéastes, dans un contexte précis, pour évoquer les camps nazis et le génocide des Juifs. Il étudiera les débats théoriques induits par ces formes cinématographiques ainsi que les différentes modes de leur hybridation : usage de l’archive dans les films de fiction ; plans de fiction naturalisés en images d’archive ; jeu de confrontation entre le témoignage et l’archive ; création d’images et de formes hybrides, flottant entre passé et présent…

Le programme de l’année 2007-2008 sera consacré au « devenir archive » des images du système concentrationnaire et de la Destruction des Juifs d’Europe, enregistrées pendant la période nazie et lors de la libération des camps. Il s’agira de réfléchir aux statuts et aux fonctions qui furent assignées à ces plans et photographies au moment de leur enregistrement puis de retracer l’histoire de leurs usages, de leurs remontages, de leurs migrations et de leurs réinterprétations au fil du temps, dans le cadre de nouveaux récits cinématographiques et de nouvelles intrigues.



1. A Introduction générale
-analyse des différentes composantes images de la série de la BBC Auschwitz, la Solution finale ;

1. B. L’appareil photo et la caméra dans les ghettos :
-les séquences dans les ghettos de Lodz et de Varsovie : réversibilité et ambivalence des clichés de la propagande antisémite et la notion de résistance (Der Ewige Jude versus Mein Kampf d’Erwin Leiser, 1960) ; Le Temps du ghetto de Rossif // In Memory de Abraham Ravett
-les photos de Genewein/ Henryk Ross et Mandel Grossman
-circulation du cliché de l’enfant du ghetto de Varsovie ;

2.A. Dissimulation et hors-champ
- les tournages à Westerbork (Nuit et Brouillard ; procès Eichmann ; Respite de Farocki ) et Theresienstadt/Terezin (Un vivant qui passe)
- « l’Album d’Auschwitz » : Jaubert /Farocki /Rees

B. Traces et testament
-l’image testament : les photos clandestines du Sonderkommando de Birkenau
-les photographie aériennes : 1944/1979/2004 : mises en intrigue d’une série de photographies (Images du monde, inscriptions de la guerre, de Harun Farocki)


3.A Premiers regards des Alliés : tournages à Majdanek et Auschwitz .
-la découverte de Majdanek par les opérateurs soviétiques et polonais ;
-analyse des différentes générations d’images tournées par les Soviétiques à Auschwitz et des fonctions qui leur furent dévolues

3. B Libération des camps de l’Ouest
.Georges Stevens ; photographier en couleurs (le Journal d’Anne Frank)
.Samuel Fuller à Falkenau : texte Didi-Huberman ; The Big Red One.
.les Britanniques à Bergen-Belsen :les opérateurs de l’Army’s Film and Photographic Unit et le projet avorté de Sidney Bernstein (Memory of the Camps) ; le texte de Comolli

4. A. Premiers montages pour les spectateurs français et anglo-saxons

-les actualités françaises du printemps 1945 et le film de montage Les Camps de la mort : la figure hégémonique du déporté-résistant et la topique de l’indignation ;
-la presse filmée anglo-saxonne : « Seeing is Believing »

4. B Le cinéma comme acte d’accusation : les spectateurs allemands

-usages des images des camps par les Américains en Allemagne occupée (Les Moulins de la mort) et mise en abyme de la projection des images des camps dans les fictions anglo-saxonnes soulevant la question de la culpabilité allemande : The Stranger (Orson Welles, USA, 1946) ; Frieda (Basil Dearden, GB, 1947) ; Verboten ! (Samuel Fuller, USA, 1959) ; Judgment at Nuremberg (Stanley Kramer, 1961)…

5. Les procès
-du procès de Nuremberg au procès Eichmann : premier déplacement des regards vers le génocide des Juifs
-la réinterprétation par Gideon Hausner, dans le cadre du récit sur l’extermination des Juifs, des images montrées à Nuremberg ;
-la « deuxième vision » de Haïm Gouri : revoir, élucider, interpréter les images de 1945 ;
-l’image-témoin : l’enregistrement par Hurwitz du face-à-face entre Eichmann et les images des camps

6. A L’émergence de la notion d’archive
-la recherche documentaire de Nuit et Brouillard : nouveaux regards et nouvelles lectures sur les images des camps
-les différents régimes du visible dans Nuit et Brouillard : analyse des plans tournés en noir et blanc par Resnais dans le musée d’Auschwitz (plans raccords et séquences inspirées par Jakubowska et Radock) ;
-hybridation des formes : la logique de citation de La Dernière étape (Wanda Jakubowska), dans Nuit et Brouillard et dans The Museum and the Fury (Leo Hurwitz, 1956)

6. B La naturalisation du film en archive et sa mise en abyme
-Remember Us : le remontage en kit de Nuit et Brouillard par la télévision américaine : disparition de l’écart temporel et nivellement des différentes composantes du film ;
-l’effet de reconnaissance –conforter un imaginaire visuel : recyclage en Allemagne et en France de Mein Kampf et de Nuit et Brouillard devenus catalogue de plans pour les productions audiovisuelles ;
-mise en abyme de Nuit et Brouillard dans Une femme mariée (Godard, 1964), Die Patriotin, Die bleierne Zeit (von Trotta, 1981), Die innere Sicherheit (Christian Petzold, 2000)


10 février 2008

Génocide, disparition, déni

Génocide, disparition, déni
La traversée des deuils

Hélène Piralian

Poursuivant sa réflexion entreprise dans son livre « Génocide et transmission » et toujours à partir du génocide des Arméniens l'auteur s'interroge sur le dispositif politique de la disparition et sur les effets psychiques qu'elle produit sur ceux qui sont restés en vie.
Pourquoi la mise en place de la disparition des êtres, puis de leur corps, est-elle au centre du processus génocidaire, et pourquoi ces dernières années l'exhumation des charniers et l'identification des corps de ces disparus ont-elles revêtu une telle importance pour leurs proches comme pour le reste de la population ?

Enfin pourquoi le déni de l'acte génocidaire fait-il toujours partie intégrante de tout génocide?
Ainsi, à partir d'événements aussi éloignés dans le temps et l'espace que les génocides des Arméniens, des Juifs, des Bosniaques, des Tutsis mais aussi de la Terreur vendéenne et des massacres d'Algérie, l'auteur tentera de dégager les spécificités de ce qu'elle appelle la structure génocidaire qui leur est commune et dont le couple disparition-déni constitue le noyau.
Par ailleurs, sera présente, tout au long de ce livre, une réflexion sur les liens qui unissent les tueurs aux rescapés, mais aussi les héritiers des uns aux héritiers des autres pour comprendre ce qui pourrait permettre aux uns et aux autres de devenir des endeuillés pour pouvoir ensuite être des passeurs de vie. deux conteurs professionnels, l’une du Maghreb et l’autre du Burkina Faso, sont appelés à intervenir au départ.

Hélène PIRALIAN-SIMONYAN est philosophe et psychanalyste. Elle a publié en 1984: Un enfant malade de la mort. Lecture de Mishima, relecture de la paranoïa. En 1994 : Génocide et transmition. Sauver la mort, sortir du meurtre.



SOMMAIRE

Avant propos Disparitions
Ils n'ont jamais existé
Chapitre I
De la disparition de l'autre
Eclipse ou destruction ?
Chapitre II
De la disparition à la béance
Chapitre III Sortir du meurtre Littérature turque et déni du génocide des Arméniens
Chapitre IV
Rupture généalogique et identité
Du lien victime-bourreau.
Chapitre V
Ecriture(s) du génocidaire
De l'Arménie à l'ex-Yougoslavie
Chapitre VI
Avènement de la modernité et génocide(s)
Quelle mémoire pour l'Histoire ?
Chapitre VII
Destruction de la transmission et violence
Les massacres d’Algérie de 1992
Chapitre VIII
Le génocide au Rwanda
1) L’importance des sites funéraires
2) Paroles de survivants, paroles des tueurs
3) Donnons leur le temps du deuil
Chapitre IX
Petit été des lieux du dialogue arméno-turc en guise de préambule à un livre à venir
Annexe : Des mères sans enfants
Précédé d’un lettre de M-A
Vartenie Bedanian
Auteur de : Traverse mère de Dieu

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08 février 2008

Rencontre au Mémorial de la Shoah

Mémorial de la Shoah. Mercredi 13 février, 19heures.
17 rue Geoffroy l’Asnier, Paris 4e.
Auditorium Edmond J. Safra, niveau - 1.

En présence de :

Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, auteurs de L’Enfant et le génocide. Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah. Bouquins-Laffont, 2007, respectivement présidente et vice-présidente de l’Aircrige.



Georges Bensoussan, historien, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah

Guy Vasseur, témoin.

Soirée animée par Nadine Vasseur, écrivain et productrice.



Sur réservation : 01.53.01.17.42. ou sur www.memorialdelashoah.org

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04 février 2008

Colloque à Kigali : Génocide au Rwanda et Reconstruction des Champs du Savoir

Génocide au Rwanda et Reconstruction des Champs du Savoir

Du 23 au 25 juillet 2008
à Kigali, Rwanda.


Mot de l'organisateur

Le colloque pluridisciplinaire «Génocide au Rwanda et Reconstruction des champs du savoir» se tiendra à Kigali/Rwanda du 23 juillet au 25 juillet 2008. Il est organisé par le Centre d’étude pluridisciplinaire sur le génocide (www.igscrwanda.org) et ses partenaires. La durée sera de 30 minutes par communication. Les présentations peuvent être en français ou en anglais. Prière d’envoyer votre proposition de 300 mots maximum avant le 25 février 2008 au secrétariat à l’adresse suivante: (Rwandaconference@yahoo.com). Les personnes qui auront soumis un résumé seront informées de la décision du comité scientifique le 15 mars 2008 par courrier électronique.

Jean-Pierre Karegeye
Organisateur

University of California at Berkeley
Directeur du Centre d Étude Pluridisciplinaire sur le Génocide/Kigali-Rwanda
Courriel: karegeye@berkeley.edu

(Illustration : Sonia Fournier)

Argumentaire


L’avènement du génocide, en plus de la destruction des membres d’une communauté, ébranle la totalité du réel et met le chercheur devant des situations inédites. Tous les systèmes sur lesquels s’organise le savoir semblent en suspens, ou pire, en décomposition. Le paradoxe est que le projet d’extermination s’est appuyé (in)volontairement sur des récits ethnologiques des siècles derniers qui ont érigé Hutu, Tutsi et Twa en objets de recherche scientifique et de découverte. D’où le «discours du savoir», passé ou présent, figure le crime et le justifie en s’éloignant de tout dynamisme raisonnable qui s’étend sur un horizon éthique.
L’après-génocide, comme lieu de discours et de nouveaux paradigmes, expose la fragilité de nos approches à vouloir circonscrire un objet d’étude qui les déborde. Dès lors, le génocide s’écrit à partir d’un trou, d’une faille, qui oblige (nt) à opérer un tournant épistémologique pour pouvoir réévaluer les cadres théoriques des champs du savoir. Il s’ensuit donc que les méthodes en sciences humaines et sociales, et la quête de sens, à partir du génocide, entraînent irrésistiblement la reconstruction ou la refondation des champs du savoir.

Les axes «avant», «pendant» et «après» ne devraient pas occulter les témoignages des survivants sur le «vivre avec» le génocide. Le «vivre avec» s’esquisse dans l’art contemporain et convoque les champs du savoir pour fournir, si ce n’est des réponses, du moins des modèles de lisibilité. Beaucoup de peintres, de poètes, de dramaturges, de romanciers, de musiciens, d’éducateurs, de journalistes, de juristes, de philosophes ou de théologiens ont exprimé leur malaise à penser le génocide et leur limite à joindre l’expérience du survivant. Peut-être, le Rwanda ouvre de nouveaux horizons, en rapport avec les champs du savoir, pouvant servir d’un modèle sans prédécent pour toute l’humanité.

Les présentations toucheraient plusieurs questions et disciplines: représentations littéraires et visuelles du génocide, étude comparative des génocides, interrogations philosophiques, éthiques et théologiques, questions de justice et de démocratie, et méthodes en sciences sociales et/ou humaines, etc.

Colloque organisé en partenariat avec:
Ibuka (Rwanda)
California Institute of the Arts (USA)
School of International Studies at the University of Pacific Stockton (USA)
Center for the Study of Genocide and Human Rights at The State University of New Jersey (USA)
Université du Québec à Rimouski (Canada)
Université de Bretagne Occidentale (France)
Groupov (Belgique)

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